Peut-être mal-aimé, mais…
Entre 1984 et 2007, j’ai résisté aux chants des sirènes, tous partis confondus. Alors que j’étais présidente du Conseil de la famille et de l’enfance, une rumeur courait sur la colline parlementaire. Elle disait que je me présentais à une élection partielle pour le Parti québécois, à la demande d’André Boisclair.
En tant que mandarin de l’État, j’ai demandé à rencontrer le premier ministre pour ne pas laisser d’ambiguïté. J’aimais mon job. Nous étions à la veille des festivités de Noël. Jean Charest était détendu et m’a fait rire. Il me racontait des histoires qui touchaient à sa vie personnelle et professionnelle. Je ne l’imaginais pas comme cela. Il avait un sens de l’humour digne des meilleurs humoristes.
En partant et contre toute attente, je lui ai dit que s’il avait besoin d’une personne pour représenter mon comté – Saint-Henri-Sainte-Anne – je le suivrais. Il m’avait envoûtée. Voilà pour la petite histoire.
IL AIMAIT LES AÎNÉS
En campagne électorale, il avait promis un ministre entièrement consacré aux aînés, et il a tenu parole. Élue en mars 2007, j’ai été nommée ministre responsable des Aînés, avec un Secrétariat aux aînés composé de trois personnes et un budget pour administrer un programme et des grenailles. Nous lui devons les politiques et programmes qui ont été mis en place de 2007 à 2012 par le Secrétariat aux aînés.
Il va sans dire que je proposais les actions, programmes, politiques, lois, mais M. Charest n’a jamais refusé mes idées. De la Consultation publique sur les conditions de vie des aînés (20072008) au Plan d’action gouvernemental pour combattre la maltraitance envers les personnes aînées (2010-2115), aux Municipalités amies des aînés (2010…), au Fonds de soutien aux proches aidants des aînés Appui (200 millions de dollars), à la première politique sur le vieillissement de l’histoire du Québec Vieillir et vivre ensemble (2012), M. Jean Charest aimait les personnes aînées et souhaitait que l’on se préoccupe de leurs conditions de vie. Il comprenait que le Québec était une société vieillissante.
PROCHE DE SES DÉPUTÉS
Jean Charest avait une affection particulière et singulière pour ses députés. Il était attentif à leurs doléances. Lors des réunions du caucus, il demandait à ses ministres de se taire, d’écouter les députés et de les considérer en particulier lors des annonces dans leur comté.
Il nous faisait rire lorsque nous étions sous tension en particulier lors de la crise des carrés rouges, période difficile de l’histoire politique du Québec qui a divisé la société et plusieurs élus. Cette crise me rendait très mal à l’aise. Je me souviens de la nuit où nous avons voté la loi spéciale, la Loi 78 qui restreint le droit de manifester pour les étudiants. Lisette Lapointe m’avait dit : « Pas toi ! »
En politique, on fait partie d’un groupe et nous devons vivre et agir ensemble. On s’aperçoit rapidement qu’on ne peut pas gagner toutes les batailles, qu’il faut savoir les choisir. J’avais et je choisis toujours les aînés, les proches aidants et les personnes vulnérables.
M. Jean Charest était peut-être un mal-aimé pour une partie de la population québécoise, mais par sa confiance en mes idées, nous avons fait beaucoup pour les aînés du Québec. Toutes les histoires de mauvais traitements et de maltraitance relatées dans les médias le rendaient sincèrement en colère et il souhaitait que ces tristes situations se règlent. Peut-être mal-aimé, mais…