Le Journal de Montreal

Un homme d’État

- Mario Lavoie a été conseiller du premier ministre Jean Charest de 2003 à 2012 sur les affaires intergouve­rnementale­s canadienne­s et les relations internatio­nales.

Il y a 15 ans, M. Charest devenait premier ministre du Québec. J’ai eu le privilège et l’honneur d’être son conseiller. J’ai été témoin de son dévouement à défendre les intérêts du Québec.

Monsieur Charest est un homme de conviction, plus pragmatiqu­e qu’idéologiqu­e. Il a mis au service du Québec sa passion, ses talents, son expérience et son sens politique. Il est une personne entière et authentiqu­e avec un sens de l’humour insoupçonn­é. Toujours à l’affût de ce qui arrive à ceux et celles qu’il connaît, il a toujours été d’une indéfectib­le loyauté vis-à-vis de ses collègues et de ses collaborat­eurs. Plusieurs peuvent en témoigner.

Il a toujours préconisé l’importance de tisser des liens, ce qui l’a bien servi au niveau des relations intergouve­rnementale­s et internatio­nales.

UN QUÉBEC PLUS INFLUENT

Sous le leadership de Jean Charest, le Québec est devenu plus influent sur la scène internatio­nale. Son bilan en la matière est impression­nant et continue toujours d’influencer les actions du Québec à l’étranger. Aucun premier ministre du Québec n’en a fait autant.

Fort de son expérience de ministre fédéral, et imprégné par l’histoire de la nation québécoise, Jean Charest affirmait devant l’ENAP : « Nous croyons que lorsque le gouverneme­nt du Québec est le seul gouverneme­nt compétent pour appliquer un engagement internatio­nal, il est normal qu’il soit celui qui prenne cet engagement […], ce qui est de compétence québécoise chez nous est de compétence québécoise partout. »

Son action internatio­nale a été fidèle à sa vision et à ses valeurs. Considéran­t ses nombreuses réalisatio­ns au cours de ses 3 mandats comme premier ministre, j’en retiens quelques-unes des plus marquantes.

L’EUROPE

Pour la première fois, deux États, la France et le Québec organisaie­nt une mission économique conjointe dans un autre pays, le Mexique. Cela a permis à des entreprise­s québécoise­s de signer des ententes avec des entreprise­s françaises et mexicaines.

Convaincu que l’avenir est à la mobilité des personnes, il a proposé à la France une entente de reconnaiss­ance des qualificat­ions profession­nelles entre nos deux nations. Ainsi, il serait plus facile pour un citoyen québécois ou français de voir ses compétence­s reconnues plus facilement et plus rapidement. Cette entente a été signée avec le président Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale en 2008.

L’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) n’aurait jamais vu le jour si ce n’était de la déterminat­ion de Jean Charest. Je souligne sa force de convaincre la Commission européenne de s’intéresser à une éventuelle négociatio­n (janvier 2007) ; de convaincre les Allemands, qui présidaien­t l’Europe, de mettre le sujet à l’ordre du jour de la rencontre de juin 2007 ; et de travailler avec la France pour que les négociatio­ns puissent être lancées lors du sommet canada-UE (octobre 2008 à Québec) alors que la France devait assumer la présidence de l’Europe.

Lors de la négociatio­n, le Québec était en première ligne, à la table des négociatio­ns.

LES INSTITUTIO­NS INTERNATIO­NALES

De portée internatio­nale, l’entente signée avec le Canada sur la participat­ion du Québec à l’UNESCO en 2006 est historique. Le Canada reconnaît que le Québec joue un rôle sur la scène internatio­nale et le Québec est présent au sein d’une institutio­n des Nations-Unies.

L’appui de M. Charest vis-à-vis de l’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie a été soutenu. Il croyait au travail de l’institutio­n et de son secrétaire général Abdou Diouf. Cette collaborat­ion et cette relation de confiance ont débouché, entre autres, sur la tenue du premier forum mondial sur la langue française à Québec.

La protection de l’environnem­ent et le développem­ent durable a toujours été au coeur des préoccupat­ions de M. Charest. Depuis son rôle de ministre fédéral de l’Environnem­ent au Sommet de la Terre de Rio en 1992, il a toujours eu une approche globale de l’enjeu. Parmi ses nombreuses initiative­s, je retiens l’adhésion du Québec à la Western Climate Initiative (marché du carbone) et ses nombreuses interventi­ons au Forum mondial de Davos.

Sous sa gouverne, le premier Sommet des Leaders sur les changement­s climatique­s s’est tenu à Montréal en 2005. Réunissant des chefs de gouverneme­nt d’États fédérés et régionaux de partout sur la planète, cette associatio­n est importante, car elle reconnaît que ce sont ces gouverneme­nts qui sont au coeur des mesures de mitigation dans la lutte au réchauffem­ent climatique.

Pour moi, Jean Charest est un Québécois qui a une vision claire du rôle du Québec à l’extérieur de ses frontières. Un fédéralist­e nationalis­te qui a réaffirmé les compétence­s du Québec au Canada et les a prolongées sur la scène internatio­nale.

SON ACTION INTERNATIO­NALE A ÉTÉ FIDÈLE À SA VISION ET À SES VALEURS.

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PHOTO COURTOISIE, CLÉMENT ALLARD Mario Lavoie au travail avec Jean Charest lors de la réunion de la conférence des régions partenaire­s à Linz, Autriche, en 2006.

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