Déficit de courage
Attaché de presse de Nathalie Normandeau de 2005 à 2018 et conseiller aux communications de Jean Charest de 2008 à 2010
J’avais 21 ans lors de l’élection des libéraux de Jean Charest. À ce moment, j’ignorais que, moins de 2 ans plus tard, j’aurais l’occasion de travailler au sein même de ce gouvernement, et ce, pendant plus de 5 années.
Le 14 avril 2003, c’est comme militant d’un parti gonflé à bloc que j’ai célébré la grande victoire libérale. Tous les espoirs étaient permis. Nous avions une véritable équipe de rêve avec les Jérôme-Forget, Couillard, Bellemare, Séguin, Mulcair, Audet, Béchard et Normandeau. Un judicieux mélange d’expérience, de compétence et de jeunesse. Notre chef, charismatique, brillant et doté d’un leadership hors de l’ordinaire, était adulé par les militants.
Le programme était ambitieux et emballant. La réingénierie de l’État, l’élimination des délais honteux du système de santé, la réforme de l’éducation, etc.
Tous les ingrédients étaient réunis pour que ce gouvernement marque l’histoire en donnant un sérieux coup de barre à un Québec qui en avait bien besoin.
MAIS… ET ALORS ?
Bah. 15 ans plus tard, c’est avec une certaine déception que j’analyse le bilan de l’ère Charest. Il y a eu de bien belles choses. Une économie forte et résiliente au coeur d’une tempête mondiale, une réputation sans tache sur la scène internationale, un Plan Nord qui permettait de rêver… Mais globalement, force est de constater que les éléments les plus cruciaux ne se seront jamais matérialisés.
Pourquoi ? Par manque de courage. Les changements anticipés ont eu pour effet de braquer les syndicats omnipuissants, qui ont fait ce qu’ils font de mieux : empêcher le Québec d’avancer, quitte à le faire reculer. Il aurait fallu un front de boeuf et une détermination hors de l’ordinaire pour demeurer imperméable aux tentatives de sabotage qui trouvaient écho dans l’opinion publique. C’est ce courage qui fit défaut.
Je suis fier d’avoir travaillé pour un bon gouvernement. Mais j’aurais souhaité que ce soit un grand gouvernement.