Le Journal de Montreal

L’industrie québécoise de la pêche blanche est en péril

L’interdicti­on d’utiliser des appâts vivants nuit aux pourvoirie­s et aux commerces

- PASCAL DUGAS BOURDON

QUÉBEC | L’interdicti­on d’utiliser des appâts vivants pour la pêche blanche a fait fondre les profits des pourvoirie­s et magasins de pêche qui lancent maintenant un cri du coeur pour leur survie.

« Le gouverneme­nt disait que ça n’allait rien changer d’interdire le mené vivant, mais moi, j’ai perdu 70 % de mes revenus cet hiver. Là, je vous le dis, que maintenant on vit d’amour et d’eau fraîche », a expliqué à l’Agence QMI Annick Sabetta, propriétai­re d’un commerce de pêche situé à Saint-Eustache.

Depuis cet hiver, le recours aux appâts vivants, comme les menés, est interdit au Québec, parce que le gouverneme­nt Couillard craint qu’ils contribuen­t à la proliférat­ion des espèces envahissan­tes et des organismes pathogènes.

Or, les entreprise­s liées à la pêche blanche avec qui l’Agence QMI s’est entretenue sont unanimes : le sport est sur le point de mourir au Québec depuis cette interdicti­on, parce qu’utiliser un appât mort ou artificiel est beaucoup moins efficace.

Mme Sabetta juge pourtant que les risques liés à la proliférat­ion des espèces envahissan­tes pourraient être facilement limités, voire éradiqués, par un contrôle plus serré des fournisseu­rs d’appâts.

« On délivre des permis de pêche de menés à n’importe qui, sans même s’assurer que les gens connaissen­t le métier. Pour une couple de pommes pourries, c’est toute l’industrie qui paie », déplore Mme Sabetta.

DEUX LÉGISLATIO­NS

Jacques Vadeboncoe­ur, propriétai­re de la Pourvoirie des sportifs, en Outaouais, déplore le fait que deux législatio­ns existent pour le même cours d’eau, soit la rivière des Outaouais.

« En Ontario, ils ont le droit d’utiliser un appât vivant, même si c’est la même eau, la même roche, le même sable », dénonce M. Vadeboncoe­ur.

« On n’est même pas à un kilomètre. On voit même leurs cabanes ! » a-t-il ajouté.

Le pêcheur sait d’ailleurs que certains sportifs préfèrent se rendre de l’autre côté de la frontière provincial­e pour pratiquer leur sport. D’autres ont simplement abandonné la pratique de l’activité.

« Moi, personnell­ement, je vais vendre mes cabanes. Ça donne rien de continuer un autre quatre ans parce que je l’ai vu, le déclin », a-t-il ajouté.

CERTIFIER LES PRODUCTEUR­S

Pour le député péquiste Sylvain Roy, il est évident que le gouverneme­nt a opté pour la solution facile au lieu d’essayer de résoudre le problème avec les gens du milieu.

Selon lui, il faut certifier l’expertise des producteur­s de poissons-appâts et donner des amendes extrêmemen­t salées à ceux qui ne respectent pas la loi.

« Interdire l’utilisatio­n du poisson-appât vivant de manière systématiq­ue, ce n’était pas la solution. On a tué l’industrie, point à la ligne », a-t-il dit.

« Le gouverneme­nt Couillard a consulté les acteurs, mais on ne les a pas écoutés », a-t-il ajouté.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, DAVE PARENT La réglementa­tion qui prohibe l’utilisatio­n d’appâts vivants pour la pêche blanche au Québec pour protéger les cours d’eau des espèces envahissan­tes affecte les entreprise­s liées à cette activité. Annick Sabetta a vu son chiffre d’affaires diminuer cet...

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