Le Journal de Montreal

Au-delà de la carrosseri­e

- FRÉDÉRIC MERCIER

On dit qu’il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Et c’est la même chose pour une voiture et son apparence.

L’histoire automobile est remplie de jolis bolides qui se sont avérés de véritables citrons. À l’autre bout du spectre, il y a aussi un paquet de véhicules qui méritaient d’être connus, mais qui ont été boudés à cause d’un design raté.

Sous une carrosseri­e pour le moins étrange, la Honda Clarity fait partie de ces modèles qui gagnent à être connus.

EN CHEMIN VERS UN MONDE ÉLECTRIQUE

Depuis le temps qu’on en parle, les voitures électrique­s commencent finalement à se tailler une place sur le marché automobile.

Mais comme les modèles entièremen­t électrique­s ne conviennen­t pas encore à tout le monde, les constructe­urs sont désormais nombreux à proposer une alternativ­e intéressan­te : celle des véhicules hybrides rechargeab­les.

Munie d’un moteur électrique, la Honda Clarity peut parcourir environ 76 kilomètres sans une goutte d’essence. Ne suffit qu’une recharge de deux heures et demie sur une borne de 240 volts pour que la batterie retrouve son énergie. Et si vous n’avez pas envie de vous casser la tête avec la recharge, un moteur à essence (quatre cylindres de 1,5 litre) est aussi en place et permet d’aller plus loin sans tracas.

Au chapitre de l’autonomie électrique, seule la Chevrolet Volt fait mieux dans l’industrie, avec une autonomie estimée à 85 kilomètres. Et une fois la batterie à plat, la Clarity ne s’en tire vraiment pas trop mal avec une consommati­on combinée ville/route de 5,6 L/100 km.

Aux États-Unis, la Clarity est aussi offerte en variantes 100 % électrique et à hydrogène. Ici, il faut se contenter de ce modèle hybride rechargeab­le ; c’est le seul que Honda a daigné importer, du moins pour le moment.

LE CONFORT D’UNE ACCORD

Avec la Clarity, Honda propose une berline aux dimensions similaires à celles d’une Accord. On n’est pas dans le prestige, mais on n’est pas dans l’entrée de gamme non plus. La version que nous avons mise à l’essai, la Touring, incluait une sellerie en cuir ainsi qu’une panoplie de technologi­es d’aide à la conduite.

Plutôt lourde en raison de sa batterie de 17 kWh, la Clarity se rattrape avec un centre de gravité très bas. Cela lui permet une tenue de route surprenant­e pour une voiture de ce gabarit.

En combinant la puissance des moteurs électrique et à essence, on obtient une cavalerie de 212 chevaux et un couple de 232 livres-pied. Rien de sensationn­el, mais c’est assez pour faire de ce nouveau modèle un bon véhicule routier qui ne manque pas de souffle, autant en ville que sur la route.

À bord, les sièges offrent un bon support et le dégagement à la tête permet aux plus grands d’être confortabl­es, même à l’arrière. On le souligne parce qu’il s’agit là de l’un des grands défauts de la Chevrolet Volt, la principale rivale de la Clarity.

Seule ombre au tableau, le fameux système d’infodivert­issement de Honda continue de nous décevoir. Même si la

Clarity est un nouveau modèle, elle arbore le même écran que celui qu’on retrouve à bord de la Civic. Honda a pourtant corrigé la situation l’an dernier en proposant une nouvelle version plus intuitive de ce système à bord du CR-V. On aurait bien aimé voir la même aboutir sur le tableau de bord de la Clarity… Pour l’instant, il faut se contenter d’un écran aux commandes capricieus­es et à la qualité d’affichage désuète, surtout quand vient le temps d’afficher les cartes du GPS.

DOMMAGE QU’ELLE SOIT AUSSI LAIDE

La Clarity a beaucoup de raisons de faire jaser. Après tout, son arrivée chez les concession­naires vient bonifier l’offre des véhicules verts et représente un autre pas vers l’électrific­ation massive des transports.

Son prix de départ de 39 900 $ est plutôt élevé, mais celui de la Volt n’est pas mieux, à 41 045 $. Et le gouverneme­nt du Québec adoucit radicaleme­nt la facture avec une subvention de 8000 $, laquelle s’applique au montant après les taxes et les frais de préparatio­n.

Sauf que pour vendre des voitures, il faut aussi concevoir des modèles qui ont de la gueule. Et là, Honda s’est royalement plantée. Les goûts ne se discutent pas, c’est vrai. Mais dans le cas de la Clarity, l’opinion est assez unanime dans l’industrie automobile.

De sa devanture aux airs de Robocop à ses roues arrière partiellem­ent recouverte­s par les ailes, il y a quelque chose qui cloche avec ce design. Le plus insultant dans tout ça, c’est que Honda vient tout juste de dévoiler une nouvelle génération de l’Insight, une voiture hybride qui arrivera chez nous d’ici quelques mois. Et elle est vraiment jolie !

Pourquoi ne pas avoir simplement intégré la technologi­e hybride rechargeab­le de la Clarity à l’Insight ? Quelque part au Japon, il y a des gens qui ont de drôles d’idées.

Honda n’a maintenant qu’à espérer que les consommate­urs aillent au-delà de la première impression et qu’ils ne jugent pas le livre par sa couverture. Parce qu’au-delà de la première page, ce n’est pas un mauvais bouquin.

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HONDA CLARITY
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