Le Journal de Montreal

Le quart de l’électroniq­ue encore dans l’emballage

Entreposés depuis 10 ans, des appareils, dont des radios, risquent de devenir désuets

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Près de 7000 pièces d’équipement électroniq­ue destinées aux services d’urgence québécois, dont des radios, dorment dans un entrepôt depuis près de 10 ans, malgré les millions investis par Québec dans ces équipement­s et le risque que ceux-ci deviennent désuets.

À la fin de la dernière année, pas moins de 6819 des 29 264 équipement­s technologi­ques achetés en 2009 par le Centre des services partagés du Québec (CSPQ) étaient toujours scellés dans leurs emballages, a appris Le Journal.

Cela fait près de 10 ans que certains de ces appareils, destinés notamment à la Sûreté du Québec (SQ) et aux services préhospita­liers d’urgence, dorment dans un entrepôt.

« Dix ans, c’est une éternité », note Florent Parent, professeur en génie électrique et informatiq­ue à l’Université Laval.

Parmi ces équipement­s, le CSPQ s’est procuré 7783 radios d’urgence (voir encadré). Il n’a pas été possible de savoir combien de ces radios sont toujours entreposée­s.

Cet entreposag­e prolongé, qui pourrait rendre ces équipement­s désuets, selon des experts consultés par Le Journal, coûte environ 200 000 $ par an aux contribuab­les.

Ce montant comprend les coûts du loyer, de la surveillan­ce, de la sécurité et la rémunérati­on des deux commis d’entrepôt.

Cette facture s’ajoute aux 346 millions $ investis jusqu’à présent dans ce controvers­é programme de radiocommu­nication, baptisé RENIR. À l’origine, RENIR devait être complété en 2008 et ne coûter « que » 144 millions $.

CRAINTES

Invité à justifier la situation, le CSPQ indique que l’utilisatio­n de ce matériel se fait « au fur et à mesure du déploiemen­t auprès de la clientèle », comme la SQ et les services ambulancie­rs.

L’organisme assure que, malgré un entreposag­e prolongé sur de nombreuses années, ces appareils « ne sont pas désuets » et qu’ils « seront utilisés pour le système RENIR »

Des experts craignent toutefois que le matériel informatiq­ue ainsi entreposé puisse être endommagé, si l’environnem­ent dans lequel il se trouve n’a pas été contrôlé.

Ces spécialist­es croient aussi que des changement­s technologi­ques pourraient rendre des instrument­s caducs à long terme.

« TEMPÉRATUR­E CONTRÔLÉE »

« C’est bien entretenu et la températur­e y est contrôlée », plaide un porte-parole du CSPQ dans un courriel.

Il a toutefois été impossible de vérifier les prétention­s de l’organisme, celui-ci ayant refusé au Journal d’accéder au matériel entreposé.

Le CSPQ assure que tous les équipement­s seront en service d’ici l’été. L’organisme ajoute que l’acquisitio­n de cet équipement, en 2009, a permis aux Québécois de réaliser des économies d’échelle qu’il évalue à 53 M$.

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PHOTO D’ARCHIVES Le controvers­é système de radiocommu­nication des services d’urgence du Québec, que l’on voit sur la photo dans une voiture de la Sûreté du Québec, a déjà coûté 346 M$. Le budget prévu initialeme­nt était de 144 M$.

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