Le Journal de Montreal

À bâtons rompus avec Aaron Boone

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En 10 saisons dans les ligues mineures et au niveau profession­nel, j’ai eu le privilège de travailler avec plusieurs excellente­s têtes de baseball. Certains entraîneur­s résistaien­t au changement et à l’évolution de notre sport tandis que d’autres cherchaien­t à trouver une façon plus complète de développer les joueurs.

Plusieurs de mes anciens entraîneur­s ont percé dans les grandes ligues et certains, comme Dave Jauss (Pirates) et John Gibbons (Blue Jays), y sont encore. Puis, quelquesun­s de mes anciens coéquipier­s ont obtenu des postes importants au sein d’équipes profession­nelles. C’est le cas de l’entraîneur des frappeurs des Giants de San Francisco, Hensley Meulens, et du gérant des Yankees de New York, Aaron Boone (avec qui j’ai remporté la Ligue de l’Arizona en 1995 avec les Mesa Sagueros).

Je discutais d’ailleurs avec Boone la semaine dernière à New York sur ce qui avait le plus changé dans notre sport au fil des années. En premier lieu, nous avons parlé de « data », de toute l’informatio­n à la portée des organisati­ons pour tenter d’identifier et de prédire les tendances de joueurs dans certaines situations de matchs.

Vous vous souvenez de l’ère Moneyball ? Pensez maintenant à Moneyball à la puissance 1000…

Autre changement important (et celui-ci vient me chercher personnell­ement) : le fait que la grande majorité des équipes du baseball majeur possèdent maintenant des entraîneur­s spécialisé­s dans les habiletés mentales.

Ils passent dans l’ombre, ils ne sont pas en uniforme, ne figurent pas dans le programme. Ces psychologu­es sportifs et spécialist­es de performanc­e optimale sont pourtant aussi importants sinon plus que les soigneurs ou autres entraîneur­s.

Les organisati­ons comprennen­t que le développem­ent des joueurs, ce n’est pas seulement physique, pas seulement mécanique et/ou tactique. Les joueurs ont tellement de pression pour performer. Les joueurs passent des milliers d’heures à travailler sur la motion, sur la force, la flexibilit­é, etc. Je suis maintenant heureux de constater que dans le sport profession­nel, de plus en plus de temps et de ressources sont consacrés à travailler un autre muscle, un muscle tellement important, celui entre les deux oreilles.

L’EXEMPLE DE STANTON

Giancarlo Stanton a été retiré cinq fois au bâton lors de son premier match au Yankee Stadium dans l’uniforme des Yankees. Il a ainsi été hué par les fidèles partisans du club. En vertu de son salaire, je comprendra­i que vous ne versiez pas une larme pour lui, mais c’est tout de même un être humain qui doit composer avec des hauts et des bas. Auparavant, le remède suggéré à la suite d’une contre-performanc­e de la sorte aurait été de passer plus de temps dans la cage des frappeurs. Aujourd’hui, Stanton a probableme­nt travaillé sur quelques éléments mécaniques, mais il a aussi été aidé sur ses habiletés mentales.

Si ma propre carrière se conjugue au passé, je suis heureux de constater que le baseball majeur comprend finalement ce que Yogi Berra disait au début des années 1970 : « Le baseball est 90 % mental, l’autre moitié est physique ».

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PHOTO AFP Aaron Boone, le nouveau gérant des Yankees.

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