Huit ans de prison pour le chauffeur d’un meurtrier
Un Montréalais a écopé de huit ans de pénitencier hier pour avoir participé au meurtre d’un pur innocent que ses assaillants avaient confondu avec une autre personne.
« La mort insensée de la victime est la culmination d’une bravade macho, puérile et déplacée », a déclaré le juge Guy Cournoyer avant de condamner Shorn Carr, au palais de justice de Montréal.
Carr, 36 ans, était le chauffeur de la voiture dans laquelle se trouvait l’homme qui a abattu Fehmi Sen dans le quartier Côte-des-Neiges, en mai 2013.
DISPUTE
La veille du meurtre, une dispute avait éclaté entre deux groupes à propos d’une femme. Le lendemain, Fehmi Sen, qui n’avait pas été impliqué dans la querelle, se trouvait dans un parc en compagnie de l’un des antagonistes lorsqu’une Lincoln Navigator est passée devant eux.
L’un des passagers a alors baissé sa vitre et tiré sur Fehmi Sen, croyant vraisemblablement tuer l’un de ceux qui avaient pris part à l’altercation, la veille.
« Les personnes impliquées ont démontré un sens de l’honneur déformé qui a laissé une mère, une famille et de nombreux amis en deuil », a commenté le juge.
« SUCCÈS LIMITÉ »
Carr, accusé de meurtre, avait finalement plaidé coupable d’homicide involontaire en novembre dernier.
Avec l’accord de tous, il attendrait l’issue du procès des autres accusés dans cette affaire. Cependant, en février dernier, Marlon Henry et Rakesh Jankie ont finalement été acquittés par un jury.
« Disons que, dans ce dossier, la poursuite et la police ont eu des succès limités dans leur tentative de percer le mur du silence qui entoure la fusillade sur M. Sen », a expliqué le juge, qualifiant l’homicide d’« insensé ».
Lors des plaidoiries sur la peine, la Couronne a réclamé que l’accusé soit condamné à huit années de pénitencier. La défense, de son côté, souhaitait qu’il n’écope que de six ans et demi de détention, soit l’équivalent du temps qu’il avait passé en détention préventive.
« De simples mots ne ramèneront pas M. Sen à sa famille et ses amis, mais la sentence doit refléter les valeurs de notre société », a commenté le juge en tranchant en faveur de la recommandation de la Couronne.
Compte tenu de la détention préventive, Carr doit encore purger environ un an et demi d’incarcération avant d’être libéré.