Le Journal de Montreal

Un détenu violent soupçonné du meurtre d’un prisonnier

Plus de deux ans après la mort d’Ulrick Charbonnea­u, personne n’a été accusé

- CLAUDIA BERTHIAUME

Un homme en attente de son procès pour avoir poignardé un détenu du pénitencie­r de Cowansvill­e il y a quelques années serait maintenant soupçonné d’avoir tué un autre prisonnier, cette fois à Donnacona, a appris Le Journal.

Aucune accusation n’a encore été déposée, plus de deux ans après le meurtre d’Ulrick Charbonnea­u.

Selon ce qu’il a été possible d’apprendre, la Sûreté du Québec ferait face à plusieurs obstacles liés au milieu carcéral, dont la fameuse omerta qui règne lorsqu’un crime est commis en prison.

Questionné sur le sujet hier, l’inspecteur Guy Lapointe s’est limité à dire que l’enquête est toujours en cours.

Le Journal a toutefois pu retracer le fil des événements survenus le 16 janvier 2016, grâce à des sources bien informées.

D’après le rapport du coroner Jasmin Villeneuve, la victime de 28 ans a été retrouvée inconscien­te sur le plancher de sa cellule de l’établissem­ent à sécurité maximale de Donnacona, vers 19 h 10, au moment du compte des détenus.

Il a été poignardé en plein coeur avec une arme piquante, lit-on.

Ulrick Charbonnea­u venait d’être transféré dans cette section et son arrivée était mal reçue par ses codétenus, a-t-on appris.

Or, une quinzaine de minutes avant sa mort, il a été vu dans la salle commune du pénitencie­r.

Nos sources indiquent qu’il semblait évident que quelque chose se tramait et que le détenu, qui purgeait une peine de cinq ans et quatre mois pour un homicide involontai­re, était très nerveux.

ESPADRILLE­S AUX PIEDS

Plusieurs prisonnier­s portaient des espadrille­s, ce qui laissait présager qu’ils pourraient devoir courir ou encore être impliqués dans une échauffour­ée.

Dans un pénitencie­r à sécurité maximale conçu pour accueillir les prisonnier­s les plus dangereux, comme celui de Donnacona, les déplacemen­ts sont limités à 10 minutes par heure.

Quand Ulrick Charbonnea­u a pu regagner sa cellule, le suspect l’y aurait suivi.

Les caméras de surveillan­ce de l’allée montreraie­nt un autre individu au gabarit imposant se positionna­nt dans l’entrée de la cellule, de façon à bloquer la vue aux gardiens qui pourraient circuler.

À un moment, on le verrait même repousser quelqu’un vers l’intérieur de la pièce. L’agresseur serait ensuite ressorti pour aller changer de t-shirt dans sa cellule.

« DANS LA MERDE »

Peu de temps après, un second détenu serait entré dans la cellule de Charbonnea­u. Celui-ci est passé une première fois devant la pièce, a vu que le jeune homme était mal en point et est revenu pour le voir.

Il serait rapidement ressorti en constatant l’ampleur des blessures de Charbonnea­u, croyant qu’il venait de « se mettre dans la merde ».

Selon nos informatio­ns, ce second détenu n’aurait vraisembla­blement rien à voir avec le meurtre. C’est plutôt le premier à être entré dans la cellule qui serait soupçonné par les autorités. Les raisons pour lesquelles l’homme de 28 ans a été tué demeurent toutefois nébuleuses.

Chose certaine, le suspect a des antécédent­s de violence en détention. Incarcéré à l’établissem­ent de Cowansvill­e pour une agression armée, il aurait poignardé un codétenu. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il aurait été transféré au pénitencie­r de Donnacona.

Il a été accusé par la suite pour l’événement de Cowansvill­e et serait toujours derrière les barreaux en ce moment.

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ULRICK CHARBONNEA­U Victime

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