Québec se fait discret sur la facture
Ottawa admet pour la première fois que la vague de migrants pourrait être plus imposante que l’an dernier
On ignore toujours si l’argent que le gouvernement Couillard demande à Ottawa pour l’accueil des migrants comprend une portion pour les écoles qui débordent. Les partis de l’opposition reprochent à Québec son côté « brouillon » et son « manque de sérieux ».
« C’est un peu ridicule. Ils ne sont pas capables de détailler la facture […] Ça fait très brouillon », dit Jean-François Roberge, porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d’éducation.
Le Journal publiait hier le cri d’alarme des commissions scolaires de la région de Montréal qui ne voient pas comment elles pourront trouver l’espace et les enseignants pour accueillir deux fois plus d’élèves migrants que l’an passé. Le gouvernement provincial était justement en discussion avec Ottawa sur le sujet cette semaine.
Il demande un remboursement de 146 millions $ pour les frais encourus par le Québec.
ET LES ÉCOLES ?
Or, on ignore toujours si une partie de cette somme ira au système scolaire de la grande région de Montréal, où aboutissent la plupart des élèves migrants malgré la surpopulation et la pénurie d’enseignants.
Questionné depuis jeudi matin sur la question, le cabinet du ministre de l’Immigration n’avait pas fourni de réponse hier.
« Ça manque un peu de sérieux tout ça », dit Catherine Fournier, porte-parole en matière d’immigration au Parti québécois.
En début de semaine, le ministre fédéral Ahmed Hussen avait d'ailleurs reproché à Québec de ne pas avoir fourni de justification détaillée des montants demandés.
OTTAWA AVOUE
Hier, Ottawa a finalement admis du bout des lèvres qu’il anticipe une vague de migrants irréguliers plus importante cette année, mais il assure être mieux préparé à y faire face.
« Je crois qu’il est prématuré de faire des projections, mais vous avez raison de dire qu’il y aura probablement plus de personnes [que l’an dernier] », a admis un haut fonctionnaire.
Ce message tranche avec celui du ministre fédéral de l’Immigration, Ahmed Hussen. Ce dernier a toujours refusé catégoriquement de faire des projections.
Au-delà des négociations sur le remboursement des dépenses, Québec et Ottawa se sont entendus cette semaine pour rapidement mettre en place un plan de triage à la frontière pour rediriger les demandeurs d’asile qui souhaitent s’établir dans une autre province.
De nombreuses questions demeurent toutefois.
On ne sait pas, par exemple, quel sera le moyen de transport privilégié pour déplacer les migrants du Québec vers l’Ontario.