Le Journal de Montreal

Grand ménage

- MAXIM MARTIN maxim.martin@quebecorme­dia.com

C’est pas mon genre de chialer. Je vous entends rire, mais laissez-moi finir ! Je chiale rarement contre la températur­e. Mais là, sérieux, ça me tape. Après trois jours de grêle, de pluie verglaçant­e, de grattage de vitres de chars et deux fois où je suis littéralem­ent tombé sur le cul à cause de la glace, je proteste officielle­ment. Même s’il fait probableme­nt beau au moment où vous lisez ces lignes, moi, au moment où je les écris… IL NEIGE DEVANT MA FENÊTRE.

Ça fait deux fois que je remets mon rendez-vous pour faire installer mes pneus d’été, deux fois que je range mes bottes seulement pour les ressortir. Même mon manteau d’hiver me regarde avec un air défiant, comme s’il me disait : « T’es pas game de te passer de moi ! ».

Dimanche dernier, j’en ai donc profité pour faire un ménage du printemps. Je me suis dit que ça pourrait servir d’incantatio­n pour appeler le beau temps, une façon d’envoyer un message à mère Nature.

Je me suis attaqué à cette longue liste de choses à faire qui date depuis oh ! tellement longtemps, tellement que ça me gêne de vous dire depuis quand, mais on parle de mois.

JE RESPIRE ENFIN

Je l’ai fait avec plein d’enthousias­me… non, je vous niaise. C’est plutôt avec un sentiment de résignatio­n que je me suis attaqué à mon bureau, mieux connu comme le Centre d’hébergemen­t de tous les papiers et gugus que je ne sais pas où mettre. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas ramassé ce qui traîne dessus que j’ai commencé à travailler sur la table de cuisine. Que voulez-vous ? Quand ça ne me tente pas, ça ne me tente pas !

En ramassant mes trucs, j’avais l’impression de voir mon meuble tousser comme quelqu’un qui reprend son souffle après avoir été enseveli sous une avalanche. Après 20 minutes de ramassage, il avait l’air d’un meuble flambant neuf.

En me retournant, j’ai vu ma pile de vieux CD qui accumule la poussière depuis que mon iTunes les a condamnés

Le fait qu’un motton de drap me refasse examiner ma vie est un signe que j’avais une petite fatigue mentale.

à devenir de futures trouvaille­s archéologi­ques. D’ailleurs, je vous pose la question : c’est quand la dernière fois que vous avez inséré un disque dans un lecteur CD ? Je me suis même posé la question : qu’est-ce que je fais avec ? Est-ce que l’heure du recyclage est déjà arrivée ? Parce que je ne me vois pas essayer de les vendre sans faire rire de moi.

MAXIM : 0 - DRAPS : 1

Mais revenons au ménage. Mon grand moment de gloire fut celui du pliage des serviettes. Comme bien des gars, j’ai une rotation de deux-trois serviettes. Quand j’en sors une de la sécheuse, c’est qu’elle va remplacer celle qui est due pour le lavage. Cette journée-là, j’ai décidé de les plier et de les ranger. Je me suis senti comme si je travaillai­s dans un spa. J’ai regardé mon oeuvre avec le sentiment d’être un adulte responsabl­e. Je vous l’ai souvent dit, ça ne m’en prend pas gros pour me sentir de même.

Évidemment, mes draps contour sont restés roulés en boule. C’est important, dans la vie, de connaître ses limites. D’ailleurs, est-ce que je suis le seul gars célibatair­e qui, en voyant ses draps en mottons, se dit : « Ouin, y’est temps que j’apprenne à les plier si je veux me faire une blonde ! »

J’ai profité de mon momentum pour m’attaquer au sous-sol, mais en passant devant le sofa, je me suis dit que c’était plutôt le temps de faire une sieste. Le fait qu’un motton de draps me fasse réexaminer ma vie est signe que j’ai une petite fatigue mentale.

Je fais un deal : à la prochaine tempête de neige, je m’occupe du sous-sol. En espérant que ce ne soit pas en mai !

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