Le Journal de Montreal

LE CANADA EN VOIE DE DEVENIR UN CANCRE À L’INTERNATIO­NAL

- BORIS PROULX

OTTAWA | Loin de pouvoir se vanter de son système d’accès à l’informatio­n auprès des autres pays, le Canada fait au contraire figure de mauvais élève de la transparen­ce, occupant le 48e rang d’un classement mondial.

« Le Canada glisse chaque année de trois ou quatre positions dans le classement. C’est très décevant », commente Toby Mendel, directeur du Centre pour la loi et la démocratie, une organisati­on non gouverneme­ntale canadienne (ONG).

Pas moins de 47 pays ont de meilleures lois pour garantir aux citoyens l’accès à l’informatio­n du gouverneme­nt, selon un classement dressé par son organisme (à ne pas confondre avec celui de la liberté de presse, ci-dessus).

Le Pérou, le Guatemala, l’Estonie ou l’Ouganda font mieux que le Canada, selon cette liste qui ne compare que la valeur des lois, et non leur applicatio­n dans la réalité.

Pour M. Mendel, un pays riche comme le nôtre devrait plutôt se trouver dans le haut du classement.

« Notre cadre légal est complèteme­nt obsolète, puisqu’il est resté inchangé depuis 1982. Imaginez si les lois sur l’égalité, sur les droits des femmes, n’avaient pas changé depuis 35 ans », illustre-t-il.

PAS UN BON EXEMPLE

Selon lui, les changement­s présentés par les libéraux dans leur réforme controvers­ée de la Loi sur

l’accès à l’informatio­n ne devraient faire gagner que quelques places au Canada dans le classement.

L’ex-commissair­e à l’informatio­n, Robert Marleau, partage son avis.

« J’ai assisté à des conférence­s internatio­nales, et je leur disais [aux autres pays] : “S’il vous plaît, ne suivez pas notre exemple”. »

De nombreux pays ont un système d’accès à l’informatio­n numérisé ou ont une définition plus large de l’informatio­n publique, par exemple.

Une étude menée en 2008 par l’Associatio­n canadienne des journalist­es montre que parmi les nations qui ont une loi d’accès à l’informatio­n, les demandes sont traitées en deux semaines, en moyenne.

Le dernier rapport de la Commissair­e à l’informatio­n du Canada démontre qu’au pays, les institutio­ns fédérales ont du mal à respecter le délai légal de 30 jours.

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