Le Journal de Montreal

Je ne sauverai peut-être pas huit vies

- Éric Gougeon est un double greffé (rein/pancréas) et est porteparol­e pour le don d’organes.

Comme le dit le titre, rien n’est encore clair en 2018 concernant le don d’organes. Si mon choix est de donner mes organes à mon décès, que ma carte est signée et bien inscrite au registre de donneur… rien n’est officiel. Si vous êtes en faveur du don d’organes et voulez faire respecter ce choix, lisez la suite… LOI BAFOUÉE

Présenteme­nt, au Québec les pratiques du corps médical vont à l’encontre de la loi sur le don d’organes, qui s’en trouve bafouée. La loi garantit à toute personne qui en a exprimé le désir, que ses organes soient prélevés à des fins de transplant­ation à son décès… Les médecins permettent aux familles des défunts de s’y opposer, ce qui ne respecte pas la loi et nos dernières volontés. Trente-cinq pour cent des refus proviennen­t des familles. C’est remettre en question l’éthique et le respect de nos dernières volontés.

DON D’ORGANES ET AIDE MÉDICALE À MOURIR

Ma volonté de sauver des vies à mon décès pourrait ne pas être respectée, par contre, si je décide de mettre fin à mes jours, cette décision-là sera respectée. Comme ce fut mon cas en 2008. Personne de ma famille ne pouvait alors contrer ma volonté. Comprenez-vous quelque chose ? On peut décider de s’enlever la vie, mais on ne peut pas décider d’en sauver en donnant nos organes.

CONSENTEME­NT PRÉSUMÉ

Le consenteme­nt présumé existe dans plusieurs pays avec des résultats positifs. Par exemple, en France, le Code de la santé publique stipule que le consenteme­nt au don d’organes est présumé. Les proches seront informés du choix du défunt et de la procédure. En Alberta et en Floride, on exclut les proches du processus. Nous devons également évoluer en ce sens, en présumant que tout résident majeur du Québec lors de son décès est un donneur potentiel, sauf dans le cas où celui-ci a, de son vivant, exprimé son désaccord en s’inscrivant au registre de refus de donneur d’organes.

LE DÉBAT

Le manque d’équipes pour identifier les donneurs, la structure organisati­onnelle du don, la complexité d’exprimer son consenteme­nt et le manque de volonté politique tuent présenteme­nt des Québécois ! Il est temps que quelqu’un considère ces faits, se lève et agisse. Et si vous, votre enfant ou un de vos proches étiez sur cette liste d’attente ?

En terminant, 90 % des Québécois sont en faveur du don d’organes, mais seulement une personne sur deux l’a fait savoir. Un donneur peut sauver jusqu’à huit vies et redonner la santé à 20 personnes. Pour éviter toute ambiguïté, je vous recommande, et encore plus en cette semaine nationale du don d’organes, d’informer votre famille ou vos proches, que vous désirez ou non donner vos organes à votre décès.

Merci à mon donneur et à sa famille de m’avoir sauvé la vie.

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Le consenteme­nt présumé existe dans plusieurs pays avec des résultats positifs.

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