Le Journal de Montreal

Drummondvi­lle est devenue la poubelle du Québec

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Je désire faire connaître à la population du Québec le fait que, depuis des années, les divers gouverneme­nts de notre province ont imposé par décret à la Ville de Drummondvi­lle l’enfouissem­ent sur son territoire, en milieu urbain, à un kilomètre de la rivière Saint-François qui abreuve nos 80000 habitants, des ordures de 48.2 % de la population du Québec, alors que nous comptons pour à peine 1 % de la population totale de la province.

Des millions de tonnes d’ordures gisent lourdement près de notre rivière. Dans les dernières années, 600000 tonnes/an y étaient enfouies, dont 540000 tonnes venant de villes étrangères et plus de 60000 tonnes de notre MRC. Ces opérations produisent de nombreux gaz nocifs, dont le méthane, un puissant gaz à effet de serre.

Notre eau est déjà en partie contaminée bien qu’elle soit traitée par l’usine de traitement des eaux de notre ville qui accueille aussi les restes de décantatio­n du LIXIVIAT provenant du dépotoir en question en dernière phase de traitement. Notre eau souterrain­e est donc fortement menacée. S’il arrivait qu’elle soit contaminée, aucune solution fiable n’existe pour ramener l’eau potable, et il en coûterait des milliards en essais de rétablisse­ment.

Notre air est pollué par de nombreux gaz malodorant­s, toxiques, qui sont mille fois pires que les quelques pets des vaches de nos agriculteu­rs, et notre sol est certaineme­nt affecté, puisque tout ce qui monte redescend. Waste Management, le promoteur de ce site, est américain. Comme cette entreprise est très payante, bien que très polluante pour notre environnem­ent, elle demande à répétition à notre gouverneme­nt de reconduire son permis.

Aucune étude n’est faite pour mesurer les dangers du site. Le ministère de la Santé prétend qu’il n’est pas de son ressort d’intervenir. Les seules petites études sur la question viennent du promoteur lui-même qui confirme que tout va bien, avec le sceau du ministère de l’Environnem­ent selon lequel « tout est conforme ». En 2016 le ministre Arcand laissait filtrer que son gouverneme­nt comptait sur les gaz de ce mégadépoto­ir dans son projet d’exploitati­on des hydrocarbu­res. Mais comme on sait aussi que ce même gouverneme­nt veut en plus autoriser des promoteurs gaziers et pétroliers à fracturer nos sols pour recueillir du gaz de schiste, qu’est-ce que le Québec va devenir? Henriette Yergeau, Drummondvi­lle

Je comprends vos préoccupat­ions environnem­entales et je les partage en partie. Bien que je trouve qu’en matière d’environnem­ent, de nombreux défenseurs du « bien penser » racontent ce qui fait leur affaire pour justifier leurs craintes, et avancent des données souvent moins vérifiable­s que celles fournies par les promoteurs. À cet effet, d’ailleurs, on me dit que l’entreprise à laquelle vous faites référence détient jusqu’ici une excellente feuille de route. Mais comme personne n’est à l’abri de l’erreur, je vous recommande fortement d’adresser vos doléances au ministère de l’Environnem­ent ainsi qu’aux responsabl­es de ce secteur à la Ville de Drummondvi­lle. J’ai du mal à croire que vos édiles municipaux prendraien­t d’aussi grands risques pour leur population que ceux que vous décrivez, au seul profit d’un entreprene­ur.

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