Le président du Nicaragua recule face aux violentes manifestations
Sa réforme des retraites abandonnée après la mort de près de 25 personnes lors des heurts
MANAGUA | (AFP) Le président du Nicaragua Daniel Ortega a renoncé hier à sa réforme controversée des retraites, à l’origine d’une vague de manifestations qui a fait au moins 24 morts en cinq jours.
Lors d’une rencontre avec des chefs d’entreprises, le chef d’État de gauche a annoncé que l’Institut nicaraguayen de sécurité sociale (INSS) ne mettrait pas en oeuvre cette réforme, qui devait augmenter les contributions sociales des salariés et des employeurs afin d’essayer d’équilibrer le système de retraites.
« Nous devons rétablir l’ordre, nous ne pouvons pas permettre qu’ici s’imposent le chaos, le crime, les pillages », a déclaré le président, comparant les manifestants aux gangs criminels.
Dans ce pays pauvre d’Amérique centrale, affrontement et pillages ont continué hier pour le cinquième jour consécutif.
Le Centre nicaraguayen des droits de l’homme, qui a obtenu confirmation auprès des familles des victimes, a fait état de la mort de 24 personnes. « La situation est vraiment grave », avait commenté auparavant la présidente du Cenidh, Vilma Nuñez.
Parmi les victimes figurent des étudiants, des policiers et de jeunes sympathisants du Front sandiniste au pouvoir, accusés de s’être attaqués aux manifestants.
DÉFICIT
Les troubles en cours, les plus graves depuis l’arrivée au pouvoir du président Ortega il y a onze ans, ont commencé mercredi dans un grand nombre de villes du pays pour protester contre la réforme des retraites, qui se traduisait aussi par une baisse de 5 % du montant des retraites afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale (76 millions $), sur recommandation du Fonds monétaire international.
Les rues de Managua étaient jonchées de débris hier, selon des journalistes, qui ont aussi assisté à des scènes de pillage. Les habitants se pressaient vers les magasins et supermarchés pour constituer des stocks de provisions. Les files d’attente s’allongeaient devant les stations essence.
SOLDATS DÉPLOYÉS
Dans les villes de Leon et Masaya, près de Managua, des bâtiments publics ont été mis à sac, des véhicules incendiés et des centres commerciaux pillés, selon le gouvernement. Des soldats armés de fusils ont été déployés devant les bâtiments administratifs.
Les États-Unis ont condamné hier « la violence et la force excessive utilisées par la police et d’autres personnes contre les civils qui exercent leur droit constitutionnel à la liberté d’expression et de réunion ».