Vers un modèle économique à la chinoise ?
SÉOUL | (AFP) La promesse du leader nord-coréen Kim Jong-un d’oeuvrer à « la construction économique socialiste » pourrait annoncer des réformes inspirées du modèle chinois, avancent des experts. Mais Pyongyang ne le dira jamais explicitement.
Dans son discours de samedi, le leader nord-coréen a aussi annoncé que la « nouvelle ligne stratégique » du Parti des travailleurs de Corée serait « la construction économique socialiste ». L’expression est revenue 56 fois dans le compte-rendu de l’agence officielle KCNA.
FORTE EXPANSION
En 2016, l’économie nord-coréenne a connu sa plus forte expansion, selon la banque centrale sud-coréenne. Mais cette tendance pourrait pâtir de l’intensification des sanctions internationales.
Pour Andrei Lankov, du think tank Korea Risk Group, M. Kim a l’intention de mettre en oeuvre « un programme économique à la chinoise ». Ce seront « des réformes économiques qui n’en ont pas le nom ».
Le leader nord-coréen n’a qu’à tourner les yeux vers la Chine et le Vietnam s’il souhaite des exemples de partis communistes qui ont embrassé le capitalisme sans hypothéquer le parti unique. Et même en le consolidant puisque la plus grande prospérité a conforté le pouvoir.
VENT IMMONDE ?
Officiellement, M. Kim n’en prend pas le chemin. N’avait-il pas dénoncé lors du Congrès du parti de 2016 « le vent immonde de la liberté bourgeoise, de la “réforme” et de “l’ouverture” qui souffle chez notre voisin » ? Dans les faits, le changement est réel.
Des gérants d’usines nord-coréennes indiquaient récemment qu’une fois qu’ils avaient rempli les quotas fixés par l’État, ils étaient libres d’acheter et de vendre à des prix négociés avec les fournisseurs et les clients.
Les entreprises étatiques peuvent également investir d’autres secteurs d’activité au travers de filiale. La compagnie nationale Air Koryo s’est ainsi investie dans les boissons sans alcool et les taxis. Cela a permis à des entrepreneurs de se lancer sous la « protection » des sociétés publiques.
L’agriculture n’est pas en reste, puisque des paysans travaillant pour les coopératives publiques peuvent cultiver leur lopin et vendre leurs produits sur un marché en théorie illégal, mais qui existe dans toutes les villes nord-coréennes.