Le Journal de Montreal

Les experts doutent des intentions de Kim Jong-un

- THOMAS WATKINS

WASHINGTON | L’annonce par la Corée du Nord de la fin des essais nucléaires et des tests de missiles interconti­nentaux laisse certains experts sceptiques sur les intentions réelles de Kim Jong-un et sur le crédit à accorder au président américain dans cette décision.

La déclaratio­n-surprise samedi du dirigeant nord-coréen intervient avant un sommet historique qui devrait avoir lieu entre MM. Kim et Trump, en principe début juin. Il y a moins d’un an seulement, le président américain promettait « le feu et la colère » au dirigeant nord-coréen qui menaçait de tirer des missiles à proximité du territoire américain de Guam.

Plusieurs experts de la Corée du Nord accueillen­t l’annonce de Kim Jong-un avec scepticism­e. Ils notent que le dirigeant n’a pas donné de signe d’un prochain désarmemen­t et s’interrogen­t sur les concession­s américaine­s en échange.

« Toutes les décisions prises par Kim sont réversible­s et ne sont que des mots et des promesses dans le vide, alors que la Corée du Nord n’est pas connue pour tenir ses promesses », affirme Harry Kazianis, spécialist­e des questions de défense au centre de réflexion conservate­ur Center for the National Interest.

Même si le dernier essai nucléaire nord-coréen remonte à septembre 2017, et le dernier lancement de missile balistique à novembre, M. Kazianis rappelle que Kim Jong-un pourrait relancer ces programmes s’il n’obtient pas ce qu’il veut lors du sommet avec le président sud-coréen Moon Jae-in, le 27 avril, puis dans ses discussion­s avec Donald Trump.

« STUPIDE »

« La communauté internatio­nale devrait espérer, mais ne pas être stupide », assure l’expert.

Plusieurs autres analystes minimisent l’impact de l’annonce de Pyongyang, soulignant que si la Corée du Nord offre une pause dans les essais, elle réaffirme son statut de puissance nucléaire et ne va pas vers une dénucléari­sation de la péninsule, la priorité américaine.

Les observateu­rs marquent aussi leur méfiance à l’égard du Nord, après des décennies de fausses promesses sur son programme nucléaire.

D’autres, comme Joel Wit, de l’Institut américano-coréen à l’Université Johns Hopkins, se disent au contraire frustrés par cette vague de scepticism­e.

Selon lui, Kim Jong-un a montré clairement qu’il abandonnai­t son programme nucléaire pour moderniser l’économie.

QUELLES CONCESSION­S ?

Washington veut une dénucléari­sation complète, vérifiable et irréversib­le du Nord alors que, selon le Sud, Pyongyang souhaite des garanties sur sa sécurité, un sujet à haut risque de désaccords.

Le Nord réclame notamment le retrait des troupes américaine­s de la péninsule coréenne et l’abrogation des accords de sécurité avec Séoul, deux choses inacceptab­les pour Washington.

Victor Cha, spécialist­e de la Corée au Center for Strategic and Internatio­nal Studies, s’interroge sur la teneur des réponses américaine­s aux concession­s nord-coréennes.

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PHOTO AFP Un passant observe sur un téléviseur de la gare de Séoul le discours prononcé samedi par le dirigeant nord-coréen.

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