Le Journal de Montreal

Le prêt à son ex perdu dans sa faillite

Le love money est un phénomène beaucoup plus risqué qu’il n’y paraît, surtout après une rupture

- Stéphan Dussault SDussaultJ­DM

Peu de gens savent qu’ils risquent fort de ne pas revoir la couleur de leur argent s’ils prêtent à un conjoint ou à un ami qui fait faillite. Avec de futurs beaux partys de Noël en perspectiv­e...

Quand sa blonde lui a demandé de lui prêter 2700 $ en 2011 pour remplacer une auto devenue dangereuse, Maxime Marcotte n’a pas hésité une seconde.

Aujourd’hui, le jeune homme de 24 ans s’en mord les doigts. La faillite de la jeune femme lui a enlevé tout espoir de ravoir son argent.

« La plupart des gens pensent que s’il n’y a pas de document, ce n’est pas une dette officielle. Mais une dette, c’est une dette, ça entre dans une faillite », dit le syndic de Terrebonne Pierre Leblanc.

RIEN D’ÉCRIT

« On n’avait pas d’entente écrite, elle devait me rembourser quand elle le pourrait, mais elle ne m’a jamais donné un sou », dit-il.

Quand un peu plus tard sa blonde a fait un accident et que l’auto a été déclarée perte totale, il n’a pas plus hésité à endosser le prêt pour la nouvelle auto.

À cause de ça, son dossier de crédit en souffre encore aujourd’hui, plus de quatre ans après leur séparation.

« J’ai une entreprise d’inspection de maisons et ma banque ne veut toujours pas me donner une carte de crédit à mon nom. Ça va être comme ça pour encore un bout », dit-il.

LOVE MONEY

« C’est un cas classique de love money », dit Pierre Leblanc pour parler de ces prêts accordés à des proches qu’on aime.

Au mieux, Maxime Marcotte aurait pu récupérer la portion de la faillite que son ex peut rembourser, soit probableme­nt moins de 10 %, mais un juge lui a enlevé cet espoir puisqu’il a trop tardé avant de faire cette demande.

« J’ai dit à ma nouvelle blonde que je l’aimais beaucoup, mais qu’il n’y aurait plus de prêt de ce genre. Pour moi, c’est fini », laisse tomber M. Marcotte.

Plusieurs autres, comme Caroline Picard, de Granby, ont aussi appris cette réalité de la bouche même d’un juge.

La femme réclamait le remboursem­ent du prêt de 2304 $ à son exconjoint Michel Choinière. Mais celui-ci a par la suite déclaré faillite.

Or, dans ces cas, aucun créancier, même pour ces prêts personnels, ne peut intenter de recours pour recouvrer ces montants, a tranché le juge Martin Tétreault en décembre 2016.

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PHOTO MARTIN ALARIE Maxime Marcotte avait prêté 2700 $ à sa copine de l’époque pour qu’elle s’achète une voiture. Il ne reverra jamais cet argent.
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