Le Journal de Montreal

Besoin criant de camionneur­s

L’industrie fait face à une pénurie de main-d’oeuvre importante

- DIANE TREMBLAY

QUÉBEC | Plus de 400 postes de chauffeurs de camion sont disponible­s dans la Capitale-Nationale et les régions avoisinant­es, sauf que les candidats pour les occuper sont peu nombreux. Cette situation cause bien des maux de tête aux employeurs qui cherchent à se montrer plus attrayants pour attirer les jeunes.

La pénurie de main-d’oeuvre est à ce point importante dans l’industrie du camionnage que plusieurs entreprise­s se voient obligées de refuser de nouveaux contrats.

« Pour nous, la pénurie, cela a déjà été un mythe. On en parlait, mais on ne la voyait pas. Maintenant, on la sent. On la vit. On est dedans à plein nez. Depuis un an, c’est plus difficile de recruter », affirme Éric Gignac, président de Groupe Guilbault qui génère un chiffre d’affaires de l’ordre de 135 M$ annuelleme­nt.

Selon lui, l’industrie doit se réinventer. La révision de la rémunérati­on des chauffeurs est un incontourn­able, estime-t-il, pour relever le défi.

Même si l’entreprise offre des salaires variant entre 50000 $ et 75000 $ par an, dès l’embauche, plusieurs postes restent vacants. Le salaire des chauffeurs, représenté­s par les Teamsters, est convention­né.

« On a la meilleure rémunérati­on et on est compétitif­s, mais il faudrait plus, peutêtre. Ce n’est pas juste les salaires. Il faut évaluer la rémunérati­on globale. Les jeunes regardent les salaires, mais les à-côtés, cela les intéresse un peu moins. Ils veulent l’argent dans leur poche », avance avec prudence M. Gignac.

Sur une flotte de 360 camions, une quinzaine de véhicules sont stationnés dans la cour faute de chauffeurs, une situation qui est loin de plaire à l’homme d’affaires.

FORMATION GRATUITE

« Il faut être plus sexy pour attirer les jeunes », dit-il.Prenant le taureau par les cornes, l’entreprise a fondé sa propre école de conduite, en associatio­n avec deux centres de formation au Québec.

« C’est gratuit. C’est nous qui payons la for- mation. On estime que ça va générer entre 40 et 50 chauffeurs par année. »

D’importants changement­s sont aussi à prévoir avec l’instaurati­on du carnet de route électroniq­ue qui sera obligatoir­e éventuelle­ment au Canada, comme c’est le cas déjà aux États-Unis. Cette nouvelle règle favorisera la rémunérati­on à l’heure pour un plus grand nombre de chauffeurs, incluant ceux qui travaillen­t sur des longues distances, anticipe M. Gignac.

Chez Groupe Guilbault, tous les chauffeurs devront se soumettre au carnet de route électroniq­ue à partir du 1er mai.

HAUSSE DES PRIX

« Il faut que ce soit l’industrie qui change. Une seule compagnie, comme nous, ne peut pas agir seule. On va se sortir du marché », poursuit M. Gignac qui emploie 1100 personnes, dont 500 chauffeurs dans l’ensemble de ses compagnies.

Les expéditeur­s et les exportateu­rs risquent fort de se voir refiler la note de cette augmentati­on de la rémunérati­on, et ils feront porter, à leur tour, l’excédent des coûts aux consommate­urs.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIANE TREMBLAY Régulièrem­ent, Le Journal témoigne de difficulté­s à recruter du personnel dans plusieurs secteurs. L’avènement du carnet de route électroniq­ue aura des conséquenc­es sur la rémunérati­on des chauffeurs, entrevoit Éric Gignac, président de Groupe...

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