Radio-Canada : que fait la police ?
Vous avez vu l’excellent dossier du Journal sur le manque de transparence de l’État et des sociétés d’État publié en fin de semaine ? Avez-vous remarqué la section sur Radio-Canada ? Notre diffuseur public refuse, même après une demande d’accès à l’information en bonne et due forme, de dire combien a coûté sa toute nouvelle police de caractères créée sur mesure. C’est quand même hallucinant ! Comme contribuable, vous n’avez même pas le droit de savoir comment cette société, qui reçoit plus d’un milliard par année, dépense VOTRE argent !
J’avais écrit en novembre 2017 que Radio-Canada avait engagé un designer graphique, Charles Daoud, pour concevoir une police de caractères juste pour elle. Pas question que nos vaillants travailleurs radio-canadiens utilisent les mêmes « W » ou les mêmes virgules que le voisin, voyons !
« Avec la multiplication de ses plateformes, Radio-Canada a voulu se doter d’une police de caractères distinctive assurant une lisibilité optimale à chaque point de contact », pouvait-on lire dans les documents.
Comme les artisans de Radio-Canada passent leur temps à nous dire qu’ils tirent le diable par la queue, que les coupes leur ont fait du mal, qu’ils sont en mode survie, j’aurais pensé qu’ils se seraient empressés de nous expliquer pourquoi l’achat d’une police était une dépense justifiée, un sage investissement des fonds publics. Si tu cries famine, mais que tu fais refaire le toit, tu te dépêches d’expliquer à ceux qui payent ton hypothèque en quoi tu as bien géré ton argent.
En novembre, Marie Tétreault, chef de la promotion à Radio-Canada, avait répondu à mes questions au sujet de la police : « Le fait de créer sa police de caractères originale offre une option avantageuse économiquement à moyen terme : cela permet d’avoir une utilisation illimitée multi-plate-forme sans frais, alors que l’achat d’une licence d’utilisation implique des frais récurrents. »
Autrement dit, au lieu de payer chaque fois des frais pour emprunter une police existante, on crée la nôtre et on économise des sous. C’est comme acheter sa propre maison au lieu de payer un loyer tous les mois.
Mais si on ne nous dit pas quel est le prix du loyer ni quel est le prix d’achat de la maison, pourquoi nous demande-ton de croire aveuglément que c’est plus avantageux pour Radio-Canada d’avoir sa propre police ?
Que Radio-Canada nous dise : « On ne révèle pas le salaire de nos animateurs » parce qu’ils ne veulent pas que le privé vienne les voler en leur offrant plus, c’est une chose. Mais garder le secret sur le prix d’une police de caractères, ça n’a rien à voir avec le fait d’aider la concurrence.
Si demain matin, Radio-Canada nous dit combien a coûté sa police de caractères, pensez-vous que TVA ou V vont se précipiter pour créer leurs propres « W » et leurs propres virgules, juste pour concurrencer les lettres de leur compétiteur ?
LA POLICE RAD-CAN
Radio-Canada nous donne depuis deux ans une excellente série télé qui fait capoter les Québécois. On adore cette police quand elle nous fait vivre des émotions fortes au District 31.
Quant à l’autre police de Radio-Canada, on l’adorerait sûrement… si seulement on savait combien elle nous a coûté.
Hein Poupou ?