Les boissons diètes ne sont vraiment pas un choix santé
Des résultats présentés au dernier congrès de l’association américaine d’endocrinologie confirment que les édulcorants artificiels comme le sucralose exercent plusieurs impacts négatifs sur le métabolisme et favorisent l’excès de poids.
Les boissons gazeuses standards contiennent des quantités astronomiques de sucre, environ neuf cuillerées à thé par cannette de 355 mL, soit 150 calories. Cela peut sembler peu, mais pour brûler 150 calories, il faut faire 20 minutes de jogging ou encore marcher pendant près d’une heure. À une époque où la plupart des gens sont sédentaires, le simple fait de consommer régulièrement des boissons gazeuses entraîne donc souvent un surplus de calories qui favorise le gain de poids, et plusieurs études indiquent que ces boissons contribuent effectivement à l’épidémie d’obésité actuelle, en particulier chez les jeunes (1).
Pour contourner ce problème, l’industrie s’est tournée vers des édulcorants comme l’aspartame ou le sucralose (Splenda) qui possèdent un goût sucré, mais sont néanmoins dépourvus de calories. En théorie, la consommation de ces sucres artificiels devrait permettre aux consommateurs de satisfaire leur attirance pour le sucre, sans pour autant ingérer un surplus d’énergie pouvant mener au surpoids.
En réalité, pourtant, ce n’est pas du tout ce qui est observé : les études montrent que les personnes qui consomment des sucres artificiels, des boissons gazeuses diètes par exemple, ont un risque accru d’obésité, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de syndrome métabolique identique à celles qui consomment des aliments contenant du vrai sucre (2).
DÉRÈGLEMENT MÉTABOLIQUE
La recherche des dernières années indique que cette absence d’effet positif des édulcorants serait due à la propriété de ces substances de perturber le métabolisme. Par exemple, selon une étude (3), l’addition d’aspartame, de saccharine ou de sucralose à l’alimentation était associée à une augmentation marquée du taux de sucre sanguin, plus élevée même que celle observée suite à la consommation de sucre. Ce résultat surprenant serait causé par un dérèglement de la communauté bactérienne (dysbiose) présente dans l’intestin par les édulcorants, ce qui perturbe le métabolisme du sucre et crée des conditions qui favorisent l’accumulation de graisse.
Cette altération du métabolisme vient d’être confirmée par une autre étude, celle-là réalisée avec des cellules souches isolées du tissu adipeux. Ces cellules sont un bon modèle, car elles possèdent toute la machinerie enzymatique nécessaire à la production de graisse, avec notamment un transporteur de glucose (GLUT4) qui permet l’entrée de sucre à l’intérieur des cellules, de même que la série d’enzymes qui catalysent sa conversion en acides gras. Après avoir exposé ces cellules à des doses physiologiques de sucralose, les scientifiques ont observé une augmentation de l’expression de plusieurs gènes impliqués dans cette conversion du sucre en graisse, en particulier celle du transporteur GLUT4 et de certains gènes adipogéniques (PLIN, PPARG, et CEBPA).
Plus intéressant encore, ces résultats semblent refléter l’impact réel des boissons diètes sur le corps humain : l’analyse d’échantillons de biopsies prélevés à partir du gras abdominal de participants à l’étude a en effet montré que l’expression de ces gènes était augmentée chez les personnes en surpoids qui consommaient régulièrement des boissons diètes comparativement à celles qui n’en consommaient pas (4).
Globalement, ces résultats indiquent que même s’ils sont dépourvus de calories, les édulcorants comme le sucralose peuvent néanmoins favoriser l’accumulation de graisse en agissant directement au niveau des cellules adipeuses. Les boissons gazeuses diètes ne sont donc absolument pas une alternative valable aux boissons standards et il n’y a aucune raison de consommer ces boissons régulièrement.
Pour étancher sa soif, un verre d’eau suffit.
(1) Bleich SN et KA Vercammen. « The negative impact of sugar-sweetened beverages on children’s health: an update of the literature ». BMC Obes. 2018; 5: 6.
(2) Dhingra et coll. « Soft drink consumption and risk of developing cardiometabolic risk factors and the metabolic syndrome in middle-aged adults in the community ». Circulation 2007; 116 : 480-488. (3) Suez J et coll. « Artificial sweeteners induce glucose intolerance by altering the gut microbiota ». Nature 2014; 514: 181-6.
(4) Domingues C et coll. « Sucralose promotes metabolic dysregulation and intracellular ROS accumulation ».
ENDO 2018, 17-20 mars 2018.