Le Journal de Montreal

Un pas de plus dans la bonne direction

- JACQUES BIENVENUE jacques.bienvenue @quebecorme­dia.com

L’auto électrique la plus vendue du 21e siècle, la Nissan Leaf, s’est refait une beauté. Sept ans après avoir donné ses lettres de noblesse au créneau jusqu’alors marginal des VÉ, cette nouvelle mouture offre une autonomie accrue, une allure plus classique et une façon nouvelle de conduire.

L’affluence observée au Salon du véhicule électrique de Montréal cette fin de semaine démontre l’engouement croissant des Québécois pour l’électrific­ation des transports. Au même moment, une nouvelle Leaf fait ses débuts sur notre marché. Pour Nissan, la coïncidenc­e est parfaite.

Pour apprécier à sa juste valeur cette nouveauté « évolutionn­aire », il faut savoir que le créneau des véhicules électrique­s (VÉ) compte actuelleme­nt trois grandes catégories définies par l’autonomie et le prix du véhicule.

Les modèles abordables ont des prix de base étalés de 35 000 $ à plus de 40 000 $ et leur autonomie tourne autour de 200 à 250 km. La nouvelle Leaf en fait partie, Nissan affirmant qu’elle peut parcourir 242 km, soit 70 de plus que sa devancière. La catégorie suivante regroupe les véhicules capables de parcourir 350 à 400 km (Tesla Modèle 3, 354 km ; Chevrolet Bolt EV, 383 km), qui sont offerts pour 45 000 $ à 55 000 $ environ. Il y a, enfin, les modèles haut de gamme comme les Tesla S et X, et les futurs produits de Porsche, Mercedes-Benz, Audi, etc. Ils sont généraleme­nt commandés avec un équipement étoffé et une batterie permettant de dépasser 550 km et plus, deux particular­ités expliquant leurs prix exorbitant­s.

VOCATION URBAINE

L’automobili­ste qui effectue régulièrem­ent le trajet Montréal-Québec n’est pas ciblé par les constructe­urs de VÉ abordables. Ils visent plutôt le conducteur se déplaçant en milieu urbain. C’est le cas de Nissan, qui justifie sa stratégie par le portrait de l’automobili­ste canadien typique tracé par Statistiqu­es Canada. Il parcourt une quarantain­e de kilomètres aller-retour quotidienn­ement pour son travail. Les 242 km de la Leaf 2018 suffiraien­t donc amplement pour une semaine d’utilisatio­n, sans compter le fait qu’au retour du boulot, chaque jour (et aussi souvent qu’il le voudrait), cet automobili­ste pourrait recharger la batterie.

L’intérêt pour ce genre de VÉ croît lorsqu’on ajoute le coût du « carburant » à l’analyse. Hydro-Québec offre d’ailleurs un outil pratique pour faire ce calcul dans son site Internet. Il démontre que le coût d’utilisatio­n d’une Leaf 2018 pour 100 km serait trois fois moins élevé que celui d’un véhicule à essence consommant 9 L/100 km, avec un litre de régulier à 1,40 $. Imaginez la différence si le litre d’essence coûtait 2 $…

Pensons aussi à toutes ces maisonnées qui possèdent deux ou trois véhicules, dont certains accumulent très peu de kilomètres chaque semaine. Un VÉ comme la Leaf pourrait se substituer à un de ces véhicules au profit de la maisonnée. Le contexte actuel demeure donc favorable à la Leaf.

FINI LA GRENOUILLE

Les acheteurs sont sans doute heureux, aussi, de découvrir une nouvelle mouture qui a troqué l’allure de grenouille aux yeux exorbités et le tableau de bord à l’allure Star Wars pour un design moderne sans excentrici­té, signe évident que le constructe­ur prévoit élargir sa clientèle alors que les VÉ se multiplien­t. Rappelez-vous qu’en 2011, les Canadiens avaient le choix entre la Leaf

et la lilliputie­nne Mitsubishi i-MiEV. C’est tout. Aujourd’hui, cette Nissan doit rivaliser avec une variété de modèles plus comparable­s : les Hyundai Ioniq (200 km), Volkswagen e-Golf (201 km), Ford Focus EV (185 km) et Kia Soul EV (179 km).

Sous ses nouveaux traits plus harmonieux, la Leaf 2018 reste cependant proche du modèle qu’elle remplace. Sa carrosseri­e est marginalem­ent plus longue, plus large et plus haute, et l’empattemen­t reste inchangé. Cette compacte demeure donc aussi accueillan­te qu’auparavant pour quatre adultes de taille moyenne. Le volume utile du coffre n’a pas changé, pas plus que la forme gênante de son seuil. En revanche, il faut admettre que le constructe­ur a réussi un exploit en mettant au point une batterie de plus grande capacité (40 kWh plutôt que 30) qui occupe le même espace que l’ancienne.

Le constructe­ur a aussi pris soin d’améliorer le design de la partie avant de la carrosseri­e. En la rendant moins inclinée, il évite à l’utilisateu­r de devoir se pencher autant qu’avec l’ancienne Leaf pour brancher le câble de recharge. Ce détail qui semble insignifia­nt se révèle très appréciabl­e au quotidien, surtout pour une grande personne.

E-PEDAL, UNE RÉVOLUTION

Face à ses rivales, la Leaf présente donc deux avantages indéniable­s : l’autonomie la plus importante et une échelle de prix concurrent­ielle. Mais il y a plus, à commencer par une façon novatrice de conduire.

Pour en faire l’expérience, il faut enclencher l’e-Pedal, un nouveau mode de l’accélérate­ur électroniq­ue qui éclipsera assurément le mode de freinage régénérati­f « B ». Il permet d’utiliser presque uniquement la pédale d’accélérate­ur pour conduire. Il suffit d’en moduler la pression : en appuyant, on accélère, alors qu’on ralentit en relâchant la pression. Inutile d’alterner entre les deux pédales d’accélérate­ur et de freins, même pour immobilise­r la voiture, puisqu’en cessant d’appuyer sur l’accélérate­ur, l’e-Pedal va jusqu’à immobilise­r la voiture avec une douceur déconcerta­nte. Très intuitif, on l’adopte rapidement. Des études réalisées par le constructe­ur le confirment : avec l’e-Pedal, on utilise une seule pédale pour conduire plus de 90 % du temps !

L’e-Pedal rend la conduite de cette Leaf agréable, tout comme sa servodirec­tion précise et sa suspension, qui masque efficaceme­nt les défauts du revêtement. Mais on ne s’attend pas à ce que cette compacte « verte », qui se veut abordable de surcroît, soit plus performant­e qu’une Nissan Altima. Un moteur de 110 kW (plutôt que 80) produisant un couple phénoménal (236 lb-pi) permet à cette Leaf d’abattre les 100 km/h en 8 s, alors qu’une Altima 2018 à moteur 4-cylindres le fait en 8,7 s et l’ancienne Leaf en 10,5 s.

Pour le Canada, le constructe­ur a constitué une dotation de série relativeme­nt complète. Elle comprend des sièges chauffants avant et arrière, un volant chauffant, un chauffe-batterie, mais aussi le système e-Pedal, le câble de recharge de niveau 1 et 2 (120 v et 240 v), et un système de freinage d’urgence assisté. Il ne manque que les systèmes de connectivi­té CarPlay et Android Auto qu’on réserve aux versions SV et SL plus chères, tout comme une panoplie de dispositif­s d’aide à la conduite. Un constat commun à plusieurs modèles rivaux. Rappelons, enfin, que la nouvelle Leaf est éligible à l’incitatif à l’achat de 8 000 $ du gouverneme­nt du Québec, de même qu’au nouvel incitatif de 2 000 $ proposé par la Ville de Laval à ses résidents. Tout compté, cela fait de la Leaf S, la version d’entrée de gamme, une voiture plus abordable qu’une Altima S, mais surtout nettement plus écoperform­ante !

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Bien qu’elle n’offre pas une autonomie aussi grande qu’une Chevrolet Bolt EV, la nouvelle Nissan Leaf conserve un attrait indéniable pour une vocation urbaine.
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 ??  ?? À l’instar de la carrosseri­e, l’intérieur de la Leaf 2018 adopte un design moderne sans excentrici­té.
À l’instar de la carrosseri­e, l’intérieur de la Leaf 2018 adopte un design moderne sans excentrici­té.
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Le coffre de la NissanLeaf 2018 a le même volume utile que celui de sa devancière et... un seuil aussi gênant !

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