Le Journal de Montreal

TALBOT & LE CHAPEAU DE TOE

Il était reconnu comme un boute-en-train dans le vestiaire du Canadien

- PIERRE DUROCHER

Chaque ancien joueur du Canadien interrogé dans le cadre de ce reportage avait son lot d’anecdotes à nous raconter.

Jean-Guy Talbot était reconnu comme un boute-en-train au sein de l’équipe. Il aimait détendre l’atmosphère en jouant des tours à ses coéquipier­s.

Ses cibles pouvaient être Maurice Richard aussi bien que Toe Blake. Il avait d’ailleurs développé un petit rituel impliquant l’entraîneur avant les matchs.

« Toe avait l’habitude de déposer son chapeau sur une tablette et lorsque j’arrivais au Forum, je m’empressais de donner un coup de poing sur le chapeau pour le renfoncer, relate Talbot en riant. Blake se doutait bien que j’étais le coupable. Mais l’équipe gagnait souvent et il ne disait rien.

« Un bon jour, je suis arrivé en retard pour un match et je n’ai pas été en mesure d’effectuer ma routine. On a alors subi une défaite de 2 à 1 et après le match, Toe m’a demandé ce qui s’était passé, pourquoi son chapeau était resté intact. Il m’a alors passé le message de ne plus jamais sauter cette étape et j’ai frappé sur son chapeau durant le reste de ma carrière à Montréal ! »

DES BANDES DESSINÉES POUR LE « ROCKET »

Talbot se permettait aussi de taquiner Maurice Richard, un homme sérieux s’il en était un. Il savait que le « Rocket » s’ennuyait dans son rôle d’ambassadeu­r et de représenta­nt des activités communauta­ires que le Canadien lui avait confié une fois à la retraite, à l’automne 1960.

« J’allais le voir régulièrem­ent dans son bureau au deuxième étage pour discuter avec lui. J’ai bien ri la fois où j’ai déposé sur son bureau un paquet de comic books, des bandes dessinées, pour le désennuyer. Vous auriez dû lui voir la face. Il courait après moi dans les marches ! »

IL A REMPLACÉ BOUCHARD

Talbot a disputé 791 matchs dans l’uniforme du Canadien. Il n’était pas facile, au milieu des années 1950, de percer cette formation avec la présence de défenseurs comme Doug Harvey, Émile « Butch » Bouchard, Dollard Saint-Laurent et Tom Johnson. C’est une blessure subie par Bud MacPherson durant le camp d’entraîneme­nt qui lui a ouvert les portes de l’équipe en 1955.

« J’ai passé les 12 premiers matchs sur le banc et ce n’est qu’après une blessure subie par “Butch” Bouchard que j’ai obtenu l’occasion de jouer régulièrem­ent. J’ai été le partenaire de Tom Johnson durant cinq ans », rappelle Talbot.

« J’étais un défenseur robuste qui écoulait le temps en désavantag­e numérique et qui était employé occasionne­llement à l’aile gauche. J’aurais aimé transporte­r plus souvent la rondelle en zone adverse, mais Toe Blake m’avait vite fait comprendre qu’il valait mieux rester dans ma zone parce que l’équipe avait suffisamme­nt de bons marqueurs comme ça parmi notre groupe d’attaquants… »

De tous les grands joueurs qu’il a eu l’occasion de côtoyer, Talbot est d’avis que Jean Béliveau a été le meilleur de tous. Il l’a affronté dans les rangs juniors avant d’être son coéquipier avec les As de Québec et pendant toutes ses années fructueuse­s passées dans l’uniforme du Tricolore.

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Toe Blake
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