Le Journal de Montreal

Les douaniers sommés de se taire

- GUILLAUME ST-PIERRE Bureau parlementa­ire

OTTAWA | L’Agence des services frontalier­s (ASFC) rappelle ses douaniers à l’ordre en leur demandant de cesser d’informer les journalist­es au sujet du phénomène des migrants irrégulier­s qui entrent au pays. Dans une note interne obtenue par

Le Journal, le fédéral rappelle à ses employés que « seuls les porte-parole désignés peuvent faire des déclaratio­ns ou des observatio­ns aux médias à propos des opérations sur le terrain ».

Le message daté du 12 avril souligne que « les médias s’intéressen­t beaucoup » au travail de l’ASFC, particuliè­rement depuis « la hausse du nombre de demandeurs d’asile à la frontière » durant « la fin de semaine de Pâques et les jours qui ont suivi ».

DEVOIR DE RÉSERVE

Un porte-parole du bureau du ministre de la Sécurité publique, responsabl­e de l’Agence, confirme l’envoi de la note interne.

« Nous tenons à souligner que le gouverneme­nt du Canada et l’ASFC adhèrent à la promotion de la transparen­ce tout en respectant l’importance de protéger l’informatio­n de nature opérationn­elle », se défend Dan Brien, dans un échange de courriels avec Le Journal.

Sur le terrain, la directive irrite des douaniers qui souhaitent donner l’heure juste à la population en passant par les médias.

« C’est quand même déconcerta­nt, confie un agent de terrain sous le couvert de l’anonymat au sujet de la directive. Il y a une loi du silence qui perdure depuis l’été dernier. »

TRANSPAREN­CE

Depuis le début de l’afflux de migrants il y a maintenant plus d’un an, les autorités fédérales ont souvent été critiquées pour leur manque de transparen­ce.

Par exemple, il était impossible de connaître le nombre officiel de demandeurs d’asile qui se présentaie­nt à la frontière au plus fort de la crise, l’été dernier, malgré l’insistance des médias. Seuls les douaniers communiqua­ient ces informatio­ns aux journalist­es de façon informelle.

Ces données sont maintenant régulièrem­ent mises à jour par Ottawa, mais il est encore parfois difficile d’obtenir des informatio­ns en temps opportun.

Les agents se plaignent eux aussi d’être laissés dans le noir. « On est les premiers intervenan­ts, souligne la même source bien au fait du dossier. On devrait être clairement informés du plan de match. »

« S’il y a une autre crise comme l’été dernier, est-ce que c’est l’armée qui va encore être appelée en renfort ? On ne le sait pas. »

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