Le Journal de Montreal

Pauvres élections scolaires !

Le ministre de l’Éducation s’apprête à reporter les élections scolaires de deux ans. En théorie, les élections scolaires devraient se tenir partout en novembre prochain. L’idée consistera­it maintenant à les repousser à l’automne 2020.

- MARIO DUMONT

Les gens des commission­s scolaires font ce lobbying depuis des mois. Ils affirment que l’intérêt pour le scolaire sera nul cet automne puisque leur campagne devrait s’amorcer dès les lendemains de l’élection du 1er octobre. Et en octobre 2019 ce sera le tour des élections fédérales. D’où la logique de reporter le scrutin scolaire en 2020.

Mais cette logique de surface cache bien des absurdités. D’abord reporter les élections scolaires est synonyme de prolonger le mandat des élus scolaires déjà en place. Allonger leur mandat de 50 %.

Reporter les élections scolaires de deux ans constitue une autre pirouette pour sauver ces structures coûteuses et inutiles

MANDATS PROLONGÉS ?

Vous avez là des gens avec une bien faible légitimité démocratiq­ue, ayant été élus par à peine 5 % de la population. Est-ce vraiment la meilleure idée de leur donner un tel bonus de temps en exercice de leur pouvoir ? En tous cas, c’est injustifia­ble. On n’imaginerai­t pas de jouer ainsi avec les mandats aux élections fédérales ou québécoise­s.

Au fond, nous connaisson­s tous la véritable justificat­ion qui rend cela envisageab­le au scolaire. Celle que personne n’oserait dire publiqueme­nt mais que tout le monde a en tête. C’est que le scolaire ce n’est pas important, c’est que le scolaire on s’en fout. Donc jouer avec le mandat n’est forcément pas grave !

Personnell­ement, je me dis que si on s’en fout à ce point, il faudrait peut-être arriver à la véritable conclusion logique et y mettre un terme, point final. Économiser des sous et faire des choses plus logiques.

2020, cela donnerait le temps d’organiser un vote électroniq­ue, nous dit-on. Bidon. Je n’ai rien contre la technologi­e. Cependant, recourir à des gadgets pour faire semblant que les élections scolaires intéressen­t quelqu’un ne fait pas sérieux.

DÉPASSÉES

Ce n’est plus seulement la faible participat­ion des électeurs qui rend obsolètes les élections scolaires. D’autres changement­s dans notre système poussent pour y mettre un terme.

Les élections scolaires sont devenues au Québec encore plus inutiles au cours de la dernière année alors que le Parti libéral et la CAQ ont tour à tour proposé des réformes par lesquels Québec impose la taxation scolaire. « No taxation without representa­tion » disait le vieux principe. Même en fonction de ce principe, la représenta­tion au scolaire est devenue désuète.

Les élections scolaires sont un peu comme un meuble devenu inutile, dont on hésite à se départir, mais qu’on ne sait plus où mettre dans la maison. On le place ici et il nuit à l’ouverture d’une porte, on le déplace là et c’est laid, on l’envoie dans le corridor et c’est pire que pire : on se cogne les orteils dessus ! Peut-être un signe qu’il faut s’en départir.

On en est exactement là avec les commission­s scolaires. Le gouverneme­nt manque de courage politique pour poser le vrai geste et en attendant on dépense des millions pour faire des simagrées.

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mario.dumont@quebecorme­dia.com

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