Les données ouvertes loin de suffire
La tendance des gouvernements à publier automatiquement leurs documents n’est pas gage de transparence
OTTAWA | Le gouvernement libéral confond sa promesse de transparence avec l’augmentation du nombre de documents volontairement publiés sur le web, s’inquiètent des spécialistes.
« Les données ouvertes, c’est très bien, mais ça n’a aucun rapport avec l’accès à l’information! Le pouvoir du gouvernement de publier ce qu’il souhaite n’a rien à voir avec mon pouvoir de demander une information au gouvernement », explique le journaliste d’enquête de la CBC Dean Beeby.
Depuis samedi dernier, Le Journal vous présente un dossier faisant état du manque de transparence de nos gouvernements.
OUVERT PAR DÉFAUT
Élu sous la promesse de l’améliorer, le gouvernement Trudeau a choisi de la remplir selon sa vision « ouvert par défaut », se félicite-t-il. Cela signifie qu’il publiera automatiquement sur le web certains documents, par exemple les lettres de mandats des ministres, leurs documents de breffage, leurs dépenses de voyage et d’hébergement et les contrats signés par leurs bureaux.
Le problème, selon des associations canadiennes de journalistes et des universitaires, est que le gouvernement Trudeau se dédouane de sa promesse de transparence en se contentant de publier ces quelques informations triées sur le volet.
Surtout que les données gouvernementales choisies pour la publication ne sont jamais neutres, croit Teresa Scassa, professeure spécialisée en droit de l’information à l’Université d’Ottawa.
« On ne reçoit que les données que le gouvernement a collectées, et pas certaines autres données que le gouvernement n’a pas jugées importantes. »
Elle donne l’exemple de l’absence de statistiques sur la race des personnes arrêtées par les policiers au Canada, une donnée possiblement scandaleuse que le gouvernement choisit simplement de ne pas collecter.
TRANSPARENCE
Le gouvernement Trudeau assure que ces mesures amélioreront la transparence. Le président du Conseil du Trésor, Scott Brison, promet notamment que les documents le plus souvent demandés seront ceux qui apparaîtront en ligne.