Le Journal de Montreal

Une mine de lithium à 500 mètres de la meilleure eau au monde ?

Plusieurs citoyens et organismes d’Amos et des environs s’inquiètent du projet

- DAVID PRINCE

LA MOTTE | Un projet de mine à ciel ouvert située à moins de 500 mètres de l’esker, qui fournit une des meilleures eaux du monde, inquiète plusieurs citoyens et organismes en Abitibi.

L’esker de Saint-Mathieu-Berry, près d’Amos, est reconnu pour abriter une eau d’une pureté exceptionn­elle. Amos, qui y puise son eau, a gagné à deux reprises le titre de meilleure eau municipale au monde.

La compagnie Eska Water y embouteill­e l’eau Eska. La brasserie Belgh Brasse s’est également implantée à Amos il y a 20 ans pour la qualité exceptionn­elle de l’eau. Son brasseur, Jean-Louis Marcoux, se dit préoccupé par l’arrivée d’une mine près de l’esker.

ÉVITER LES AUDIENCES PUBLIQUES

Or, plusieurs s’inquiètent du projet de la compagnie australien­ne Sayona Mining qui souhaite implanter une mine de lithium à moins de 500 mètres de l’esker.

L’entreprise tente d’éviter des audiences publiques en présentant au gouverneme­nt un projet qui traiterait 1900 tonnes de roc par jour. La loi exige un BAPE pour tous les projets miniers de plus de 2000 tonnes par jour.

« Ce n’est pas un projet minier comme les autres. Veut-on vraiment prendre le risque d’exploiter une mine près d’un joyau naturel aussi vulnérable? » affirme Marc Nantel du Regroupeme­nt vigilance mines de l’Abitibi.

Selon la Société de l’eau souterrain­e de l’Abitibi, il y a trois éléments inquiétant­s dans le projet de Sayona Mining. La proximité avec l’esker, la grande taille de la fosse qui fera 1 kilomètre de long par 600 mètres de large, et l’échéancier très rapide. La minière prévoit construire la mine à l’été 2019 et entrer en production en 2020.

Le SESAT a donc demandé vendredi dernier à la ministre de l’Environnem­ent, Isabelle Melançon, de tenir des audiences publiques sur ce projet.

Un comité de citoyens s’est formé il y a deux semaines afin de suivre l’évolution du projet. Il demande que Québec mène ses propres études, plutôt que de se fier aux sous-traitants de la minière qui déposera ses études d’impact sur l’environnem­ent le 18 mai.

PAS DE DANGER

Le porte-parole de la minière, Marc Parson, a dit en entrevue que les citoyens ont des préoccupat­ions légitimes, mais que celles-ci vont tomber lorsque leurs études seront publiques le mois prochain.

« On a une tonne d’études qui vont être déposées et qui seront vérifiées par les experts des ministères. C’est très rigoureux comme processus [...] », a-t-il notamment dit.

Le ministère de l’Environnem­ent assure que la protection de l’esker sera au centre de ses analyses par ses experts.

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MARC NANTEL Porte-parole

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