Mère porteuse pour sa belle-soeur
Un projet de loi pour légaliser la rémunération des femmes volontaires est sur la table à Ottawa
SHERBROOKE | Une femme qui a déjà quatre enfants est prête à être mère porteuse pour sa belle-soeur qui risque de mourir si elle tombe à nouveau enceinte.
Marie-Andréa Cloutier ne s’est pas questionnée longtemps après le décès de son neveu Zacharie, 9 mois, atteint de plusieurs syndromes et maladies qui ont causé sa mort le 2 octobre 2017.
Selon elle, son frère et sa belle-soeur méritent tellement d’être parents à nouveau qu’elle est prête à porter leur bébé, d’autant plus qu’elle a déjà vécu quatre grossesses faciles et qu’elle a toujours accouché en trois heures ou moins.
« Je les vois aller, que ce soit avec Zacharie ou avec d’autres enfants, et je me dis qu’ils sont tellement de bons parents. Ils ont eu leur petit homme, et là, ils ne pourraient plus rien avoir ? Ça ne se peut juste pas. Je me disais que j’avais un nid douillet à leur offrir s’ils en avaient besoin », raconte-t-elle.
FÉCONDATION IN VITRO
Le problème est que sa belle-soeur, Sara Campeau, 39 ans, a eu une grossesse extrêmement à risque.
Elle est atteinte du syndrome Branchio-Oto-Rénal (BOR), qui explique sa surdité et lui occasionne des troubles aux reins, qu’elle doit arrêter de traiter pendant qu’elle est enceinte. Les risques de complications sont importants.
« Je voulais être une maman depuis que je suis jeune. C’est mon rêve. Et là, mon âge avance », explique Sara Campeau, en langage des signes.
L’idée d’une fécondation in vitro de l’ovule et du sperme des parents, qui seraient ensuite implantés dans l’utérus de la belle-soeur, a séduit la famille tissée serrée.
Une telle procédure est permise au Québec si la porteuse a au moins 21 ans et n’est pas rémunérée. Un projet de loi pour légaliser la rémunération des mères porteuses est par ailleurs attendu à Ottawa pour le mois de mai prochain.
Jean-Sébastien Cloutier considère que légaliser la rémunération rendrait la procédure encore plus difficilement abordable chez les familles à faibles revenus, car elles devraient aussi payer la porteuse. Il estime aussi que la loi devrait être ajustée pour que, si la rémunération est légale, la mère porteuse doive nécessairement remettre l’enfant aux parents d’intention, ce qui n’est pas le cas actuellement (voir autre texte).
ARRÊTER DE FUMER
M. Cloutier a fait promettre à sa soeur certaines choses, comme arrêter de fumer pendant la grossesse et bien s’alimenter, ce que la femme de 28 ans a accepté.
Aucun contrat n’a été signé et tout repose sur la confiance. De toute façon, les contrats pour les mères porteuses n’ont pas de poids légal au Québec.
« Je me sens encore capable d’être père. Zacharie ne sera jamais remplacé, mais il faut continuer à vivre. Je ne me vois pas passer ma vie à être triste et Sara mérite d’être maman à nouveau », résume Jean-Sébastien Cloutier.
Le couple a lancé une campagne GoFundMe permettant d’amasser près de 500 $.
Grâce à cette somme et aux efforts qu’ils ont déployés pour trouver l’argent, ils sont maintenant tout près d’avoir les 8000 $ minimums nécessaires pour la procédure chez Ovo.