Le Journal de Montreal

La cassette déclasse le vinyle

Selon les dires de certains amateurs, la jeune génération pourrait aussi faire renaître le CD de ses cendres

- ÉTIENNE PARÉ

Victime de son succès, le vinyle est devenu de plus en plus coûteux dans les dernières années. À tel point que certains amateurs se tournent maintenant vers la cassette et même le disque compact.

« Quand on a commencé, il y avait juste quelques têtes blanches ici. On s’échangeait nos vinyles pour presque rien. Aujourd’hui, il y a des gens de tous les âges. Les prix vont avec la demande. Pour moins de 10 $, on n’a plus grandchose », indique Pierre Markotanyo­s, le propriétai­re du disquaire indépendan­t Aux 33 tours, qui organise le Salon du disque de Montréal depuis 2001.

Hier, pour l’occasion, des centaines de mélomanes ont pris d’assaut le sous-sol d’une vieille église du Mile-End. L’événement avait beau se tenir dans un lieu de culte, ce qu’on y vendait n’avait rien de catholique.

LE RETOUR DE LA CASSETTE

Les vieux vinyles sataniques des Black Sabbath et de Led Zeppelin ont encore la cote, mais les cassettes de Depeche Mode et de The Cure sont aussi de plus en plus prisées chez les jeunes collection­neurs.

« Pour le prix d’un vinyle, on peut facilement avoir cinq cassettes. Pour un étudiant qui aime la musique, ça vaut la peine », commente Sébastien Leduc, qui a profité du Salon pour revendre ses vieilles cassettes à travers sa collection de microsillo­ns.

À sa grande surprise, les quatre pistes ont autant attiré l’attention de ses comparses que les 33 tours à son kiosque hier.

JUSTE UNE MODE ?

« C’est vraiment juste pour le côté rétro. Il n’y a pas d’avantage à la cassette. La qualité sonore est bien moindre. C’est une mode qui va passer », observe au loin Jonathan Lelijour, un DJ de 38 ans, puriste de la table tournante.

Chose certaine, depuis les cinq dernières années, la popularité de la cassette n’a cessé de croître.

« Tellement que certains des artistes que l’on met sous contrat ne lanceront pas leur album en disque compact, mais vont le faire en cassette », s’étonne Sébastien Leduc, également propriétai­re du label P572.

Si le mythique Walkman jaune peut trouver preneur aujourd’hui pour 50 $ sur les sites de petites annonces, son successeur, le Discman, ne connaît pas le même succès... Pour l’instant.

LE RETOUR DU CD ?

« Chaque génération a une conception du rétro qui change. Pour moi, c’est le vinyle. Pour les plus jeunes, c’est la cassette. La roue tourne, un jour, ce sera le CD », anticipe Sébastien Desrosiers, 41 ans, qui amasse les records québécois depuis un quart de siècle.

Pierre Markotanyo­s, pour sa part, n’en est pas si sûr.

« Le VHS n’est jamais revenu, la huit pistes non plus. Le CD n’a pas le même cachet que le 33 tours, mais en même temps, rien n’est impossible. Qui aurait pu croire que la cassette allait revenir ? » conclut-il.

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PHOTO ÉTIENNE PARÉ Deux fois par année, les collection­neurs de vinyles et de cassettes se donnent rendez-vous au Salon du disque de Montréal.

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