Le Journal de Montreal

Comment retrouver l’affection de ma soeur ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Nous sommes une famille de trois. Moi, l’aînée, mon frère et la cadette, qui a 10 ans de moins que moi. Nous avons toujours été une famille désunie. Nos parents se sont séparés après la naissance de la plus jeune, et on a toujours été écartelés entre notre père et notre mère qui se disputaien­t.

Notre mère est décédée d’un cancer et le cerveau de notre père s’éteint peu à peu à cause de la maladie d’Alzheimer. Entre ma soeur et moi, le contact fut souvent difficile. Elle a longtemps pris le parti de notre mère, alors qu’on savait bien que cette dernière avait toujours exploité notre père qui se laissait plumer par elle sans réagir.

J’ai quand même toujours été là pour elle pendant ses années d’études. Soit pour l’aider financière­ment ou la conseiller sur la conduite à suivre dans des situations difficiles. Mais dès qu’elle a eu son premier travail, c’est comme si j’avais cessé d’exister pour elle. Elle m’a d’un coup rayée de sa vie en me disant « … qu’elle en avait marre de se sentir observée et jugée par moi. Qu’elle avait le goût de mener sa barque comme elle le voulait et non plus selon les directives d’une soeur autoritair­e ». Du moins, c’est comme ça qu’elle percevait ce qui pour moi n’était qu’une façon de l’aider.

On avait été cinq ans sans se voir quand, le mois dernier, nous nous sommes croisées aux funéraille­s d’une amie d’enfance. Une fois passé le premier choc, nous avons causé avec douceur elle et moi, au point où j’avais l’impression qu’elle avait, autant que moi, envie qu’on se revoie. Comme elle m’avait même parlé de sa fille de deux ans et de son conjoint qu’elle avait envie de me présenter, je me suis cru en droit de lui donner un coup de fil pour qu’on se voie. Mais là, sa gentilless­e avait complèteme­nt disparu. Elle s’est montrée si froide à mon endroit quand j’ai proposé une rencontre, que j’en ai regretté de l’avoir appelée.

Je sais que mon frère et elle se fréquenten­t, mais il refuse de se mêler de nos affaires et de faire valoir mon point auprès de notre soeur. Notre rendez-vous a été fixé à la mi-mai, mais je me demande si je vais m’y rendre. Je n’ai pas envie de me retrouver devant quelqu’un qui n’aura que des mauvaises choses à me dire. Moi aussi j’ai droit au respect et au bénéfice du doute. F.S.

Ne vous y trompez pas. Si vous voulez retrouver l’affection de votre soeur, cela devra certaineme­nt passer par une mise à plat de votre relation, avec descriptio­n des mauvais passages qui ont mené à la rupture. Il faut nettoyer ce contentieu­x pour repartir sur de nouvelles bases.

Le peu que vous me dites sur l’état de vos relations avec elle m’indique que vous étiez probableme­nt directive à son endroit. Sans parler de l’atmosphère familiale qui était peu propice aux bonnes relations entre ses membres et qui a sûrement teinté vos jugements les uns envers les autres depuis toujours. C’est tout cela qu’il va vous falloir nettoyer si vous souhaitez vraiment renouer avec elle. Vous n’avez certaineme­nt pas tous les torts, mais vous en avez certaineme­nt un certain nombre qu’il va falloir admettre pour ouvrir une porte en elle.

D’ici à cette rencontre, que diriez-vous de mettre sur papier les souvenirs que vous avez de cet « autrefois » qui semble lui avoir fait si mal et que, de votre côté, vous semblez avoir occulté ? Ce bout de chemin personnel que vous aurez fait en vue d’une réconcilia­tion vous retiendra peut-être de réagir brusquemen­t aux attaques qui viendront certaineme­nt de sa part. Ce qui ne doit pas vous empêcher d’exprimer vos malaises personnels. Mais en le faisant dans un esprit d’humilité et de réconcilia­tion, vous aurez plus de chance d’atteindre votre but.

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