Le Journal de Montreal

Moins chères à démolir qu’à rénover

Des écoles de la région de Montréal sont considérée­s comme 100 % vétustes par le ministère de l’Éducation

- DOMINIQUE SCALI

Plafond qui pendouille, maçonnerie à refaire au complet, drains qui ne fonctionne­nt pas. Certaines écoles de la région de Montréal sont en si mauvais état qu’il serait préférable de les démolir pour reconstrui­re que de les rénover.

« Dans le gymnase, il y a un plafond suspendu qui est hyper endommagé. Ça pendouille, ça commence à se déchirer », témoigne un membre du personnel qui travaille au pavillon Charles-Ducharme de l’école du Trait-d’Union à Sainte-Thérèse et qui préfère garder l’anonymat.

Ce bâtiment fait partie des cinq écoles primaires et secondaire­s (voir photos) de la région de Montréal qui sont vétustes à 100 %, selon un document datant de janvier du ministère de l’Éducation obtenu par Le Journal.

L’indice de vétusté déterminé par le gouverneme­nt est le coût estimé des travaux à faire dans le bâtiment en fonction de sa valeur de remplaceme­nt. Autrement dit, les écoles où cela coûterait autant ou plus cher de rénover que de démolir sont considérée­s 100 % vétustes.

RECONSTRUI­RE À NEUF

Pour la première fois cette année, les commission­s scolaires pourront peut-être demander des sous pour reconstrui­re à neuf une école déjà existante grâce à une nouvelle règle budgétaire du ministère.

Celle-ci n’a toutefois pas encore été approuvée par le Conseil du trésor.

C’est ce qui pourrait arriver avec l’édifice Amédée-Marsan de l’école du Méandre à L’Assomption, qui sera fermé aux élèves l’an prochain. La toiture, les fenêtres et les briques extérieure­s sont à remplacer, explique Éric Ladouceur, de la Commission scolaire des Affluents.

« On estime que l’argent serait mieux investi en démolissan­t. »

Surtout que cela permettrai­t de construire un gymnase digne de ce nom et d’installer un système de chauffage géothermiq­ue, explique-t-il.

La moitié des écoles au Québec sont en mauvais état, publiait le ministère en mars. Le document obtenu par Le Journal permet d’avoir un portrait précis de la situation.

UNE NOTE DE « E »

Dans la région métropolit­aine, plus du quart des bâtiments d’écoles primaires ou secondaire­s (317 sur 1176) obtiennent la pire note possible, a-t-on compilé à partir du document. Il s’agit d’un « E » pour « très mauvais », qui correspond à un taux de vétusté de 30 % ou plus.

Après avoir été critiqué par les partis d’opposition, le ministère de l’Éducation a demandé en 2015 à toutes les commission­s scolaires de faire le portrait complet de l’état de leur parc immobilier d’ici 2020.

À Laval, ce portrait est déjà complété, explique Louise Lortie, présidente de la commission scolaire. Résultat : la majorité des écoles obtiennent un « E ».

Il n’y a toutefois aucun danger pour la santé ou la sécurité des enfants, indiquent le ministère et les commission­s scolaires.

SURPOPULAT­ION

Ce qui donne des maux de tête aux dirigeants, c’est la surpopulat­ion, avoue Mme Lortie. Car ils doivent relocalise­r les élèves de l’école démolie pendant les travaux alors qu’il manque déjà de classes.

Pendant ce temps, les commission­s scolaires s’arrachent les entreprene­urs pour qu’ils réalisent tous les travaux pendant l’été, ce qui semble faire monter les prix sur le marché, observe Denis Riopel, de la Commission scolaire Seigneurie-des-Mille-Îles.

L’école primaire Dorval fait aussi partie de la liste des 100 % vétustes, mais la Commission scolaire Lester B. Pearson conteste l’évaluation du ministère. Le montant des travaux à faire est quatre fois moins élevé que celui estimé par Québec, dit la directrice générale adjointe Carol Heffernan. – Avec Daphnée Dion-Viens,

Le Journal de Québec

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