Deux sexes, deux mesures
Les filles tirent de la patte à l’école ? Vite, il faut créer des programmes spéciaux destinés à les encourager à terminer leurs études secondaires !
Les gars tirent de la patte à l’école et décrochent en grand nombre ? On s’en sacre.
Les femmes sont sous-représentées dans le monde politique ? Vite, il faut adopter une loi sur la parité afin qu’il y ait autant d’hommes que de femmes parmi les candidats, les députés et au Conseil des ministres !
Les hommes sont sous-représentés au sein du personnel enseignant ? On s’en sacre.
Les femmes hésitent à se présenter en politique, car elles trouvent la joute parlementaire trop corsée, trop compétitive, trop « masculine » ? Vite, il faut réformer la culture politique afin de la rendre plus attirante pour les femmes !
ON S’EN SACRE
Les gars aiment la compétition et demandent aux professeurs de les laisser se chamailler ou de leur permettre de jouer au roi de la montagne pendant la récré afin qu’ils puissent lâcher leur fou ? Ils trouvent les nouvelles méthodes pédagogiques trop « féminines » ? On s’en sacre.
Les filles sont sous-représentées dans certains corps de métiers ? Vite, il faut renverser la vapeur et encourager les filles à investir les métiers non traditionnels !
Les gars sont sous-représentés dans les départements de médecine ? On s’en sacre.
Les transgenres veulent que les profs utilisent un langage non genré pour les accommoder ? Yelles veulent des toilettes juste à yelles ? Mais quelle bonne idée, vite, allons-y, c’est une priorité !
Les garçons voudraient qu’on adapte les méthodes d’enseignement afin qu’elles tiennent compte de leurs besoins ? On s’en sacre.
Des femmes accusent des hommes de les avoir agressées ? Il faut les croire sur parole, avant même de connaître les faits, et crucifier leurs présumés agresseurs sur la place publique, avant même que des accusations soient déposées en bonne et due forme par le DPCP !
Des hommes ont perdu leur emploi et leur réputation après avoir été faussement accusés d’agression ? On s’en sacre.
#METOO
Des vedettes de cinéma se sont fait agresser par leur producteur ? Le phénomène #MeToo devient viral et bouleverse le monde entier.
Des milliers de gars se sont fait violer par des prêtres aux quatre coins du monde ? On ne s’en sacre pas, mais disons que ça fait beaucoup moins de vagues dans les médias. Les reporters Jodi Kantor et Megan Twohey du
New York Times ont remporté le prix Pullitzer pour leurs reportages sur l’affaire Harvey Weinstein ? Tout le monde salue le travail et le courage exceptionnels de ces deux femmes. Go, girls ! C’est la preuve qu’il faut plus de femmes journalistes, elles sont plus sensibles à ce genre d’histoires !
Le reporter du New Yorker Ronan Farrow a aussi remporté le prix Pullitzer avec Kantor et Twohey ? Bof, on s’en sacre pas mal.
Les femmes sont les principales victimes de la violence conjugale au Québec (78 %). On s’en émeut, avec raison.
Les hommes représentent plus des trois quarts des suicides au Québec (73 %). En parle-t-on autant ?
Et si c’étaient les filles qui décrochaient autant ?