Le Journal de Montreal

L’après-cancer est aussi difficile que les traitement­s

Une Montréalai­se en rémission vit encore avec la peur, la fatigue et les douleurs

- HUGO DUCHAINE

Le combat contre le cancer se poursuit même après les traitement­s, plaide une Montréalai­se qui réclame plus de soutien pour surmonter les séquelles psychologi­ques de son cancer du sein.

« Il n’y a pas une journée où je n’y pense pas. Je vois mes cicatrices et je me demande si la maladie va revenir », confie Marie-Charlotte Guy, âgée de 33 ans, en rémission depuis près de trois ans.

« Rentrez chez vous, reprenez une vie normale », voilà ce qu’on lui a dit après son 25e traitement de radiothéra­pie en octobre 2015. L’idée l’emballait, mais la réalité l’a vite rattrapée.

Pour la première fois depuis un an, elle n’avait plus de rendez-vous médical.

« On se retrouve seul, on se sent un peu abandonné et sans réponse à nos questions », poursuit celle qui a aussi subi une mastectomi­e du sein droit en plus des mois de chimiothér­apie.

Mme Guy étant trop épuisée pour reprendre son travail d’adjointe administra­tive, sa famille en France a dû lui envoyer de l’argent pour subsister quelques mois. L’angoisse restait aussi constante.

« Dès qu’il y a un petit bobo, on va à l’hôpital et on fait une batterie de tests », dit-elle.

Après avoir repris le travail trois mois plus tard, elle a voulu célébrer à l’extrême le fait d’être en vie.

« J’ai pensé que je pouvais reprendre ma vie comme avant, j’ai fait la folle, je sortais, je buvais, je rentrais tard », relatet-elle, ajoutant que son corps l’a rappelée à l’ordre.

RELATION INTIME

Elle s’est, par exemple, cassé deux côtes seulement en toussant, parce que la radiothéra­pie a fragilisé ses os.

La vie intime de cette femme célibatair­e est aussi marquée par son cancer. Les relations sexuelles sont désormais douloureus­es après ses traitement­s et chercher un amoureux lui fait peur.

Et puis, il y a la fatigue qu’elle ressent encore. « Il y a des jours où je suis incapable de faire quoi que ce soit », dit-elle.

Si elle décide de parler ouvertemen­t des défis qu’elle doit surmonter encore trois ans après avoir combattu le cancer, c’est dans l’espoir que plus de femmes puissent recevoir de l’aide après les traitement­s.

Elle a elle-même pris sa vie en main en étant notamment suivie par un psychiatre et un sexologue.

CHERCHER DE L’AIDE

« C’est important d’aller chercher de l’aide et de ne pas s’isoler », plaide à son tour la psychologu­e clinicienn­e Dominique Lanctôt.

Elle-même survivante de deux cancers du sein, elle se spécialise notamment dans l’accompagne­ment de femmes qui vivent l’après-cancer.

Après le diagnostic, une femme va souvent recevoir beaucoup d’attention, autant de ses proches que du corps médical.

« La personne est prise en main et se sent protégée », dit-elle, ajoutant que les hôpitaux offrent de plus en plus de nouveaux programmes pour accompagne­r les patientes.

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PHOTO HUGO DUCHAINE Marie-Charlotte Guy, âgée de 33 ans, s’est sentie abandonnée en rentrant chez elle après son dernier traitement de radiothéra­pie.

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