HANTES PAR DES IDEES NOIRES
Ils sont deux fois plus nombreux que la moyenne québécoise à avoir des idées noires, selon une étude
QUÉBEC | Les jeunes de Lac-Mégantic sont deux fois plus nombreux à avoir des idées noires et à se mutiler que la moyenne québécoise, depuis la tragédie ferroviaire qui a fait 47 morts et détruit le coeur de leur ville, il y a près de cinq ans.
Le Journal a consulté une vaste étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et de l’Université du Québec à Chicoutimi qui sera présentée au Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) cette semaine.
Les résultats dépeignent un portrait sombre de l’ensemble des citoyens exposés au déraillement meurtrier du 6 juillet 2013 et incluent, pour une rare fois, l’état d’esprit des jeunes de moins de 25 ans.
Le nombre très élevé d’idées suicidaires et les cas d’automutilation chez les jeunes de tous âges préoccupent particulièrement les auteurs de l’étude.
Ainsi, 39 % des adolescents qui ont été exposés à la tragédie ont eu des pensées suicidaires au cours de la dernière année.
C’est deux fois plus que la moyenne des jeunes Québécois de 13 à 17 ans, selon l’étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ), qui établit ce taux à 20 % pour l’ensemble de la province.
PEUR DU TRAIN
« Ce qui nous inquiète, c’est que [ces idées noires] sont plus fréquentes et supérieures à ce que l’on peut retrouver dans une population qui n’est pas exposée à une catastrophe », indique la chercheuse Danielle Maltais. « C’est à la fois normal et inquiétant à la suite d’une catastrophe, dit-elle. Il faut tout de même intervenir ».
La tristesse, l’anxiété, l’insécurité, la colère et la lassitude habitent les jeunes qui ont été exposés à l’explosion du centre-ville.
Ces sentiments ont comme conséquence de multiplier les crises de panique, les crises d’anxiété, la peur du train ainsi que les souvenirs répétitifs et envahissants, souligne l’étude qui a débuté trois ans après le drame.
PIRE CHEZ LE HOMMES
Toutefois, « c’est chez les jeunes hommes de 18 à 25 ans que ça semble être plus difficile », dit Danielle Maltais; 64 % d’entre eux ont une faible estime personnelle. « Sur le plan psychologique, c’est complexe », souligne-t-elle.
Par ailleurs, un jeune adulte sur deux souligne que sa qualité de vie s’est détériorée à Lac-Mégantic.
« Le nouveau centre-ville, les jeunes nous disent qu’il n’a pas d’âme, indique Mme Maltais. Ce sont des bâtiments qui n’ont pas d’histoire et de charme. Ça ne représente pas ce qu’était l’ancien centre-ville. C’est ce que les jeunes comme les adultes nous ont dit. »