Le Journal de Montreal

Pourquoi l’Ontario et pas nous ?

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Cette question m’obsède.

Ce n’est pas mon endroit préféré, mais je connais bien l’Ontario. Ma famille paternelle vient de l’Est ontarien francophon­e et j’ai travaillé à Toronto.

Samedi, j’ai exploré la route 34, près du Québec, qui relie Hawkesbury, sur la rivière des Outaouais, à Lancaster, au bord du Saint-Laurent, à la recherche d’indices qui expliquera­ient pourquoi les Ontariens réussissen­t mieux à l’école, pourquoi 94 % des résidents ont un médecin de famille, pourquoi il y a des cliniques de super infirmière­s partout, pourquoi l’essence coûtait 1,20 $ samedi au lieu de 1,44 $ au Québec et le 4 litres de lait 2 % 4,27 $ au lieu de 6,39 $. Tant de questions.

PAS PARFAIT

L’électricit­é coûte le double, il n’y a pas de CPE et les Ontariens vont élire en juin Doug Ford, le frère du scandaleux ex-maire de Toronto Rob Ford, un Donald Trump de pacotille qui aime fermer des bibliothèq­ues publiques. Et on mange mal presque partout.

La 34 donc. Une route rurale qui traverse des microvilla­ges comme Green Valley, la petite ville francophon­e d’Alexandria, fondée en 1792, et Vankleek Hill, courue pour sa bière Beau’s et son architectu­re victorienn­e.

Tout au long de la route, des écoles, comme les grains d’un chapelet.

C’est compliqué, en Ontario, le scolaire : il y a des écoles francophon­es primaires et secondaire­s, des écoles catholique­s primaires et secondaire­s, des high schools et des primary schools protestant­s. D’où le grand nombre de ces proprettes écoles à un étage, à l’américaine, entourées de grands terrains paysagés, dont la cour contient des équipement­s de jeu dernier cri, sur ma route de campagne.

Juste à les voir, on devine que l’éducation est prioritair­e. Ça dégage la fierté.

Même chez ces « pauvres » Franco-Ontariens, le taux de diplomatio­n atteint 91 % contre 64 % au Québec.

L’école est au coeur de leur survie.

L’ORGUEIL

Égide Royer, professeur en sciences de l’éducation à l’Université Laval, confirmait au Devoir que les diplômes ontariens et québécois ont la même valeur, mais que les parents ontariens accordent plus d’importance à l’éducation.

« On fait une réforme à peu près en même temps que l’Ontario, explique-til, et, de leur côté, le taux de diplomatio­n a monté en flèche, alors que nous, on piétine encore. »

Je comprends que les fonctionna­ires préfèrent visiter des écoles européenne­s que des écoles ontarienne­s, mais pourquoi aussi peu d’intérêt pour la recette de la réussite de nos voisins ? La langue de la documentat­ion expliquera­it en partie cette lacune, mais je devine que l’orgueil des Québécois y est pour quelque chose.

Le Québec, bouffi de sa supériorit­é culturelle en tout, ne demandera pas conseil au Canada anglais.

Les solutions simples n’existent pas, mais l’école en Ontario commence à 4 ans et se termine à 18 ans. On stimule l’embauche d’enseignant­s masculins, ce qui, selon Égide Royer, est mal vu au Québec. Le ministère et les commission­s scolaires jouent de transparen­ce. Il existe un Ordre des enseignant­s. Et les parents s’impliquent.

Pour les autres inégalités Québec-Ontario, un jour, je vous apprendrai que l’Ontario ne paie pas ses médecins à l’acte…

Le Québec, bouffi de sa supériorit­é culturelle en tout, ne demandera pas conseil au Canada anglais.

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