Les textos, une langue à part
Des enseignants croient que les textos montrent à quel point les jeunes ne se soucient plus de la qualité de la langue. D’autres sont convaincus que cette nouvelle technologie ne nuit pas à leur français.
« Avec l’arrivée massive des textos et des réseaux sociaux, les jeunes développent plein de plis difficiles à défaire », observe Ginette Mailloux, 55 ans, qui enseigne depuis 30 ans à Laval.
Ce type d’échange donne souvent lieu à des abréviations, comme « pkoi » au lieu de « pourquoi ».
« Pour les jeunes, l’important c’est d’être compris, peu importe la façon dont ils vont le faire », abonde Danielle Vien, qui enseigne depuis près de 30 ans à l’école Marie-Anne de Montréal, souvent décrite comme le centre des raccrocheurs.
ILS ÉCRIVENT PLUS QU’AVANT
Or, certains enseignants ne croient pas que les nouvelles technologies soient la cause du déclin.
« Les textos, j’exclus ça tout de suite, dit Julie Bergeron. Ils écrivent plus qu’avant, que ce soit des articles sur Facebook ou autre. Est-ce que c’est avec la qualité que je voudrais ? Non. Mais ils lisent plus qu’avant. »
Selon Thierry Karsenti de l’Université de Montréal, les jeunes eux-mêmes considèrent le « charabia » qu’ils utilisent dans les textos comme une langue à part. Ils ne vont d’ailleurs pas l’utiliser quand ils écrivent à leurs parents ni dans leurs travaux.
Même Benoît Dumais, un professeur du cégep de Rivièredu-Loup qui a lancé une campagne de promotion du français, reconnaît que les jeunes savent faire la part des choses.
Sur les réseaux sociaux, le relâchement du français est flagrant, dit-il. Fatigué de voir les jeunes écrire « sa va ? », il a placardé les murs du cégep d’affiches humoristiques inspirées d’erreurs fréquentes.
« À voir leur réaction à la campagne, ils ne s’en foutent pas tant que ça. Quand on leur vend une langue de qualité de façon positive, ils sont très réceptifs. C’est quand on ne fait que leur taper dessus qu’ils se ferment », dit-il.