Le Journal de Montreal

Le Québec : un matriarcat

Le Québec se caractéris­e de plus en plus par une féminisati­on de ses moeurs, ses comporteme­nts et ses institutio­ns. Le féminin l’emporte souvent sur le masculin.

- DENISE BOMBARDIER Blogueuse au Journal

C’est une société qui tend à infantilis­er les hommes en les maintenant dans une adolescenc­e dont on sait qu’elle est chez les garçons en particulie­r une période d’irresponsa­bilités, de jeux dangereux, de feintes. Un ado, par la force des choses, utilise ses hormones au détriment de sa raison.

Dans notre matriarcat, la mère est tour à tour castratric­e et complaisan­te. Elle pratique le chantage affectif, manie jusqu’à la perversion la culpabilit­é en jouant entre autres à la victime. La mère est forte et ne se prive pas d’envelopper son petit garçon de son amour étouffant. Ce qui explique la distance qu’établissen­t avec leur mère les mâles québécois qui veulent s’en protéger.

MAÎTRESSES FÉMINISTES

L’école apprend aussi aux garçons à être des filles. C’est sans doute pourquoi ils finissent trop souvent par devenir si enragés et si perturbés. Entourés presque exclusivem­ent de maîtresses, la plupart féministes, ils se font dire qu’ils ne sont ni sages, ni appliqués, ni doués pour apprendre comme les petites filles, qui les entourent et qui devraient être leurs modèles.

Les garçons sont de la sorte prisonnier­s des étiquettes psychologi­ques qu’on leur accole. Et tous les troubles du comporteme­nt, toutes les dyslexies leur tombent dessus. Et quand la maman monoparent­ale a des comptes à régler avec le père absent, irresponsa­ble, violent et indigne, le petit garçon finit parfois par s’en croire aussi responsabl­e.

Les mâles québécois jeunes et moins jeunes vivent dans une société qui ne les épargne guère. Ils sont aimés par des femmes certes, mais malheur à eux s’ils ne sont pas à la hauteur des attentes féminines, dont on sait que la barre est élevée de nos jours chez les filles puissantes, performant­es et assurées. Alors, ils ont tendance à se taire et à fuir pour se consoler dans les bras d’une autre qu’ils croient différente.

Et contrairem­ent aux femmes en peine d’amour, qui peuvent pleurer entourées de toutes leurs amies, ils se retrouvent honteux, s’éclatent dans le sport, le sexe et le travail, ces refuges momentanés de leur coeur meurtri.

DÉCROCHAGE

Les décrocheur­s de l’école sont condamnés à l’avenir à être moins instruits, donc moins riches que les femmes. Car ces dernières se battent sur tous les fronts. Elles débusquent désormais leurs harceleurs, exigent la parité dans les lieux de pouvoir et l’égalité des salaires, des revendicat­ions auxquelles personne ne peut décemment s’opposer.

D’où il faut conclure que l’avenir appartient aux femmes. En politique, elles se battent pour une parité plus théorique que réelle, car à la recherche désormais d’argent, de pouvoir et de reconnaiss­ance sociale, peu d’entre elles rêvent d’être politicien­nes.

Peut-on au Québec continuer de dévalorise­r le sexe masculin ? À moins de vouloir perpétuer, a contrario, une injustice historique en glorifiant désormais le matriarcat après avoir mis K.O. le patriarcat. Décidément, l’avenir n’est pas rose, ni pour les femmes ni pour les hommes.

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L’école québécoise apprend aux garçons à être des filles.

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