Le Journal de Montreal

La technologi­e québécoise écartée pour les autobus hybrides de la STM

Les systèmes de propulsion hybrides des nouveaux bus proviendro­nt du géant britanniqu­e BAE

- SYLVAIN LAROCQUE ET PIERRE COUTURE

« NOTRE TECHNOLOGI­E EST PLUS PERFORMANT­E POUR LA RÉDUCTION DES GAZ À EFFET DE SERRE,MAIS AUSSI EN TERMES DE COÛTS. » – Simon Poulin, Effenco

Alors que Québec s’évertue à créer une filière industriel­le dans l’électrific­ation des transports, la Société de transport de Montréal (STM) lève le nez sur deux entreprise­s québécoise­s pour ses 300 nouveaux autobus hybrides, leur préférant un fournisseu­r britanniqu­e.

« On voulait avoir la chance de proposer notre technologi­e, pas nécessaire­ment pour l’ensemble des 300 autobus. On voulait utiliser ce contrat-là comme vitrine pour pouvoir dire, à l’étranger : “Chez nous, ils adoptent notre technologi­e, pourquoi pas vous ?” », affirme Simon Poulin, l’un des actionnair­es d’Effenco, une PME qui emploie 40 personnes dans ses installati­ons de Montréal.

Fondée en 2006, Effenco a installé son système sur 80 camions à ordures de la firme Derichebou­rg à Montréal. L’entreprise a commencé à équiper pas moins de 1100 camions à ordures à New York et fera bientôt de même à Paris.

« Que ce soit un autobus urbain ou un camion à ordures, ce sont les mêmes technologi­es hybrides », explique M. Poulin.

Selon lui, la technologi­e d’Effenco coûterait de deux à trois fois moins cher que celle de la multinatio­nale anglaise BAE Systems, préconisée par la STM, et serait moins polluante. BAE a équipé les quelque 200 véhicules hybrides Nova Bus qui circulent déjà à Québec et à Montréal.

INCOMPRÉHE­NSION CHEZ TM4

Chez TM4, filiale d’Hydro-Québec qui commercial­ise un système de propulsion hybride, on soutient également avoir la technologi­e idéale pour les nouveaux bus de la STM, dont le coût sera en grande partie assumé par Québec.

TM4 dit avoir développé, avec le fabricant de moteurs Cummins, un système hybride rechargeab­le de propulsion électrique très efficace pour autobus et véhicules lourds.

« TM4 offre des systèmes performant­s qui ont fait leurs preuves et nous avons toute l’expertise qu’il faut pour soutenir l’électrific­ation des transports, ici, au Québec », a fait savoir un porte-parole d’Hydro, Louis-Olivier Batty.

En coulisses, la haute direction de la société d’État ne comprend pas que la STM ait écarté la technologi­e de TM4 alors que la solution de son partenaire Cummins est en cours d’homologati­on en Amérique du Nord et est accréditée en Europe.

EN CHINE

« Nous vendons 5000 moteurs par année en Chine pour des autobus électrique­s et là, on n’est même pas capables de répondre à un appel d’offres au Québec ? Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », a fait savoir au Journal une source à Hydro-Québec.

TM4 soutient que son système peut rouler jusqu’à 80 kilomètres en mode électrique, alors que l’appel d’offres de la STM ne requiert qu’un déplacemen­t minimal de 3 kilomètres.

TM4 affirme que son système hybride rechargeab­le peut réduire la consommati­on de carburant d’au moins 50 % par rapport aux autobus hybrides convention­nels.

La STM tourne le dos à Effenco et à TM4 alors que Québec les appuie financière­ment. TM4 a obtenu l’an dernier une aide de 4,3 millions de dollars pour tester son système dans des autobus de la Société de transport de Laval (STL), tandis qu’Effenco vient de recevoir 2,5 millions de dollars.

La Société de transport de Montréal n’a pas voulu commenter le dossier.

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PHOTO COURTOISIE, EFFENCO Simon Poulin (à gauche) et Benoit Lacroix (à droite), les deux actionnair­es de l’entreprise québécoise Effenco qui a développé la technologi­e pour des véhicules hybrides.

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