Le Journal de Montreal

De l’argent qui part en fumée

Quel prix seriez-vous prêt à payer pour acheter une propriété imprégnée d’une odeur de cannabis ?

- Ghislain Larochelle Profession­nel en immobilier

Ce n’est pas que l’odeur qui repousse plusieurs acheteurs. Beaucoup sont inquiets des effets qu’entraîne sur leur santé la fumée tertiaire imprégnée dans les murs. Il est démontré que comme pour le tabac, la combustion de la marijuana libère des substances nocives et cancérigèn­es. C’est sans parler du haschich (la résine du cannabis) qui est souvent mélangé à du tabac de cigarette.

TOUTES FUMÉES CONFONDUES

Pour mieux évaluer les effets du cannabis sur le prix d’une maison, faisons le parallèle avec la fumée de cigarette. En 2013, dans un sondage réalisé en Ontario par la compagnie Pfizer, le tiers des répondants étaient d’avis que la fumée de cigarette réduisait de 10 à 19 % la valeur d’une propriété. Un autre tiers affirmait que la réduction était plutôt de 20 à 29 %.

Daniel Adam, un courtier immobilier ayant vendu près de 600 propriétés à ce jour, affirme que les maisons où le propriétai­re fume à l’intérieur repoussent beaucoup d’acheteurs. « C’est comme acheter une maison pour laquelle le toit est à refaire », dit-il.

Dans le cas d’une maison ayant abrité quelqu’un qui a fumé plusieurs années à l’intérieur, un simple lavage des murs ne suffit pas toujours. Pour se débarrasse­r de l’odeur, parfois il faut enlever tout le cosmétique pour entièremen­t refaire à neuf.

Toutefois, une autre question à poser serait la suivante : à quelle fréquence les fumeurs de cannabis consomment-ils en comparaiso­n des fumeurs de tabac? Le fumeur qui consomme un joint à l’occasion ne causera probableme­nt pas autant de dégâts que le fumeur de tabac qui consomme une cartouche de cigarettes par jour.

LE CAS DES IMMEUBLES LOCATIFS

La fumée de cannabis pourrait-elle affecter à la baisse la valeur des immeubles locatifs ? James Martel, courtier immobilier d’expérience, estime « qu’en fin de compte, la plupart des gens qui achètent des immeubles locatifs le font pour investir. Ils regardent avant tout les chiffres, les ratios et s’assurent que l’endroit est bien géré. »

Mais la réalité est qu’au moment de revendre, ce sont les lois du marché et le principe de l’offre et de la revente qui, ultimement, influencer­ont à la hausse ou à la baisse le prix de vente de tout immeuble.

Ghislain Larochelle est un profession­nel inscrit à l’Ordre des ingénieurs du Québec ainsi qu’à l’OACIQ.

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