Le Journal de Montreal

DES FRAUDEURS DE PLUS EN PLUS RUSÉS

Aliments falsifiés chimiqueme­nt

- NICOLAS LACHANCE

SAGUENAY I Les fraudeurs alimentair­es sont à la fine pointe de la technologi­e et s’inspirent du dopage sportif pour créer des produits de plus en plus sophistiqu­és que les experts ont de la difficulté à détecter.

Dans le monde du sport, des organisati­ons et des athlètes paient des scientifiq­ues pour qu’ils créent des produits dopants indétectab­les par les laboratoir­es de l’Agence mondiale antidopage.

Ce type de tricherie très élaborée se déplace dans le milieu de l’alimentati­on. Des laboratoir­es à la fine pointe de la technologi­e sont utilisés pour falsifier des produits chimiqueme­nt.

La fraude alimentair­e est un crime économique qui explose dans le monde, souligne Sébastien Rioux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie politique de l’alimentati­on et du bien-être au départemen­t de géographie de l’Université de Montréal.

« Aujourd’hui, lorsqu’on parle de falsificat­ion alimentair­e, on parle de méthode extrêmemen­t sophistiqu­ée », explique l’universita­ire, qui va expliquer au congrès de l’ACFAS demain pourquoi ce type de fraude continue de croître malgré l’augmentati­on des exigences et des certificat­ions.

« Un des enjeux dans le futur, c’est cette bataille-là entre les gens qui font la fraude alimentair­e et les spécialist­es qui essaient de la détecter », illustre Sébastien Rioux.

Les riches producteur­s déboursent des fortunes afin de trouver une façon d’altérer des produits pour augmenter leur marge de profit.

De leur côté, les scientifiq­ues de l’Agence canadienne d’inspection des aliments rivalisent d’imaginatio­n pour démasquer ces fraudes. Toutefois, les scientifiq­ues manquent de moyens.

Déjà en 2010, une étude chiffrait à 15 milliards $ les sommes qui se sont retrouvées dans les poches des fraudeurs, soit 10 % du marché mondial.

CRIME PARFAIT

L’exemple du miel est bien documenté. L’ajout de sucre liquide pour diluer le produit serait à la base d’une énorme fraude. « On le sait depuis longtemps qu’il y a des problèmes, surtout en provenance de la Chine », souligne M. Rioux.

Ce qui a allumé les experts, c’est la quantité trop élevée de miel sur les tablettes des épiceries.

« Lorsqu’on fait les comptes, il n’y a pas assez d’abeilles dans le monde pour produire tout le miel qui est vendu. Ça ne fonctionne pas », ajoute-t-il.

Toutefois, les agences et les chercheurs sont dans l’impasse. « On n’est pas capable de le prouver. Ça se passe dans les labo- ratoires avec des technologi­es de pointe », indique Sébastien Rioux. « On sait qu’il y a un crime, mais on ne trouve pas. »

INNOVER POUR MIEUX FRAUDER

Lorsque les inspecteur­s inventent de nouvelles méthodes de détection, les fraudeurs innovent rapidement une façon de contourner l’obstacle.

« Les cas de fraude se trouvent plus souvent dans la chaîne au niveau des grands distribute­urs de produits avant d’être remis aux compagnies de distributi­on. Elles sont encore plus impression­nantes sur le plan de l’importatio­n de produits », explique M. Rioux.

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Huile d’olive modifiée
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Faux jus de fruits naturel
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Miel dilué
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