La dernière « recrue » des Hells Angels est âgée de 66 ans
L’homme à l’imposant casier a déjà été l’un des ennemis jurés du gang de motards
Les Hells Angels ont une nouvelle « recrue » de 66 ans, un ancien rival dont ils ont déjà mis la tête à prix pour 100 000 $ lors de la guerre des motards, dans les années 1990.
Le Journal a appris que Salvatore Brunetti a été vu par les policiers de la Sûreté du Québec arborant pour la première fois en public sa veste flambant neuve des Hells du chapitre de Montréal, samedi, lors d’un rassemblement de motards à Notre-Damedu-Mont-Carmel, en Mauricie.
Le tout dernier membre en règle du gang est ainsi sorti de sa prétendue retraite, lui qui avait quitté les Hells en 2009 après avoir porté leurs couleurs durant neuf ans.
MAFIA ET CAMP ENNEMI
Son retour au sein de la bande survient quelques semaines après l’incarcération du doyen des Hells, Michel « Sky » Langlois, 72 ans, arrêté dans l’opération antidrogue Objection, le 24 avril.
Les policiers disent de Salvatore Brunetti — dont le casier judiciaire recèle de condamnations pour trafic de cocaïne, gangstérisme, tentatives de meurtre et homicide involontaire — qu’il serait bien branché sur la scène internationale du crime organisé et proche de la mafia montréalaise.
Mais à l’été 1994, Brunetti comptait parmi les leaders de l’Alliance formée par des trafiquants indépendants et les Rock Machine qui ont déclaré la guerre aux Hells Angels quand ceux-ci ont tenté de les évincer du marché québécois des stupéfiants.
CONTRAT SUR SA TÊTE
En 1996, Brunetti a d’ailleurs été condamné à quatre ans de taule pour avoir tenté de faire tuer les Hells Denis « Pas fiable » Houle et Normand « Billy » Labelle au pénitencier Leclerc, à Laval.
À l’époque, les Hells avaient mis un contrat de meurtre sur la tête de Brunetti dont l’exécution aurait été récompensée d’une prime de 100 000 $, a déclaré à la Sûreté du Québec le délateur vedette de l’opération SharQc, Sylvain Boulanger.
À l’hiver 1999, les policiers ont intercepté une conversation entre deux membres des Hells voulant que Brunetti eût approché le gang en disant qu’il serait prêt à changer de camp.
« Il se serait avoué vaincu. Il aurait dit qu’il avait peur de se faire tuer et que les Hells étaient pas mal plus forts qu’eux », selon des documents judiciaires obtenus par Le Journal.
En décembre 2000, son voeu a été exaucé quand les Hells ont négocié une trêve avec leurs ennemis et offert des « patches » à plusieurs d’entre eux.
Après sa défection de l’Alliance, Brunetti a brièvement fait partie du chapitre d’élite des Hells, les Nomads.
EN PRISON
Mais trois mois plus tard, il était appréhendé parmi une centaine de motards dans l’opération Printemps 2001. Peu après être sorti de prison, Brunetti s’est ensuite joint au chapitre de Sherbrooke en 2005.
En 2006, il était de nouveau arrêté dans l’opération antidrogue Piranha en même temps que son avocat, Louis Pasquin, le premier criminaliste condamné pour gangstérisme au Canada.
Brunetti avait alors offert de « cesser tout contact » avec les Hells si le juge Martin Vauclair consentait à sa remise en liberté. Sa demande a été refusée et le motard a dû passer trois ans à l’ombre. – Avec la collaboration de Félix Séguin
et d’Axel Marchand-Lamothe