Le Journal de Montreal

Plus de plomb dans le sang des Québécois

- HUGO DUCHAINE

Les Québécois ont plus de contaminan­ts, comme du plomb, dans le sang et l’urine que le reste des Canadiens, selon une nouvelle étude.

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a décelé des « concentrat­ions significat­ivement plus élevées » de plomb, cadmium et antimoine chez les Québécois qui ont pris part à l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé, réalisée sur 6000 habitants de 2007 à 2015.

Même en faible quantité, le plomb n’est pas sans danger.

« Il n’y a pas de seuil sans effet reconnu associé au plomb. Sa présence [dans le corps], même à faible quantité, a un impact possible sur la santé », soutient le toxicologu­e de l’INSPQ Mathieu Valcke.

Il souligne que la quantité dans le sang et l’urine demeure très basse chez les participan­ts québécois, mais est d’environ 25 % supérieure à la moyenne canadienne.

Sans connaître la cause exacte des concentrat­ions plus élevées, M. Valcke émet l’hypothèse que les infrastruc­tures plus vieilles de la Belle Province, notamment la tuyauterie ou la peinture au plomb, peuvent l’expliquer.

NEUROTOXIQ­UE

Le plomb est une substance neurotoxiq­ue reconnue, pouvant causer des problèmes d’hypertensi­on artérielle. Particuliè­rement dangereux pour les enfants, il peut provoquer des troubles d’apprentiss­age.

La présence plus grande de cadmium pourrait quant à elle s’expliquer par davantage de fumeurs au Québec par rapport au reste du pays. Les traces plus importante­s d’antimoine demeurent mystérieus­es pour l’instant.

Les Québécois ont par ailleurs des niveaux moins élevés de fluor dans le sang que les autres Canadiens. L’explicatio­n la plus logique est que très peu de municipali­tés d’ici ajoutent du fluor dans l’eau potable, contrairem­ent au reste du pays. Presque toutes les villes ontarienne­s ajoutent du fluor pour prévenir les caries, notamment.

TRAVAIL À FAIRE

Pour l’écotoxicol­ogue Daniel Green, il faudra encore une génération et un « cocktail d’interventi­ons » pour éradiquer les traces de plomb.

« Les infrastruc­tures des Québécois sont vieilles. On a encore du plomb dans notre eau, à cause de la tuyauterie de plomb qui existe dans les maisons et les édifices », dit-il, ajoutant qu’il y a aussi du plomb dans des bijoux ou jouets.

Mathieu Valcke soutient que la fin de l’essence au plomb a aidé énormément.

« On a enlevé les grosses sources. Maintenant, c’est comme perdre du poids, c’est plus facile quand on en a beaucoup à perdre que peu. Il faut travailler sur tous les fronts », dit-il.

Newspapers in French

Newspapers from Canada