Voyage dans le cerveau d’un trumpiste
Vendredi soir, Donald Trump prononçait un discours devant la National Rifle Association, le lobby des armes à feu.
Allez voir ce moment où il mime les terroristes du Bataclan de Paris, abattant froidement leurs victimes l’une après l’autre.
Ce n’est pas un propos tenu dans une brasserie, entre copains, après cinq bières.
Il est dans l’exercice de ses fonctions de président des États-Unis.
ENRAGÉS
Comment quelqu’un peut-il regarder cela, être à l’aise, applaudir ?
« Propos honteux et simagrées indignes », a dit François Hollande.
« Indigne et dégoûtant », a dit Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur au moment de cette tragédie.
Je pose la question : qu’y a-t-il dans la tête d’un partisan de Trump — et ils sont encore des millions — qui lui fait appuyer cet homme ?
Je jure que j’essaie honnêtement de comprendre. Ses idées ? Sûrement pas puisqu’il change continuellement d’idée, improvisant au jour le jour, disant aujourd’hui le contraire de ce qu’il disait il y a peu, avec zéro garantie qu’il ne changera pas encore d’idée.
Est-ce parce qu’il n’est pas un politicien de carrière et, surtout, parce qu’il n’est pas Hillary Clinton ?
Je comprendrais déjà un peu plus, quoique j’aie du mal avec le fait d’appuyer quelqu’un… pour ce qu’il n’est pas.
Dans l’isoloir, on peut certainement voter X pour bloquer Y, mais après un certain temps, on devrait voir les limites de X, non ?
Est-ce parce qu’il canalise la rage et la frustration de beaucoup d’Américains ?
Bon, d’accord, on se défoule, on donne un coup de pied dans la ruche, on fait un immense doigt d’honneur aux politiciens professionnels ? Et la suite ? Il est grossier, n’a aucune culture, aucun savoir-vivre, aucun raffinement.
J’imagine que bien des gens se disent : « Il me ressemble, il est comme moi. »
Personnellement, je ne veux pas que les gens qui me dirigent soient comme moi.
Je veux qu’ils soient meilleurs que moi.
Au plus haut niveau de responsabilité, j’espère le plus haut niveau de compétence, de sagesse, de jugement.
Une conception tribale, clanique, médiévale du pouvoir.
INSTITUTIONS
Pour lui, il n’y a plus une vérité. Il y a sa vérité, réécrite selon les circonstances.
Pour lui, les faits embarrassants n’existent plus.
Pour lui, tout critique est un traître.
Pour lui, la loyauté doit aller non pas à l’institution de la présidence ou au drapeau, mais à sa personne.
C’est une conception tribale, clanique, médiévale du pouvoir.
On peut voir le phénomène Trump comme une illustration de la fragilité des institutions.
Je préfère voir la maigreur de son bilan et l’étau de la justice qui se resserre comme des preuves de la force des institutions américaines, qui seront là après lui.