Le Journal de Montreal

Ils devraient s’en tirer pour 5000 $

En échange, les huit urologues qui facturaien­t 300 $ pour des vasectomie­s obtiennent le retrait des plaintes

- ÉRIC YVAN LEMAY Bureau d’enquête

Les huit urologues accusés d’avoir facturé des frais déraisonna­bles de 300 $ pour des vasectomie­s ont conclu une entente avec le syndic du Collège des médecins et pourraient s’en tirer en ne payant que 5000 $ chacun.

Selon l’entente, les médecins de la clinique Uro-Laval reconnaiss­ent que les frais de 300 $ pour des médicament­s et agents anesthésia­nts qui ne valaient qu’une fraction de ce prix étaient « susceptibl­es » d’être considérés comme disproport­ionnés.

Ils n’auront toutefois pas à se défendre devant le conseil de discipline puisqu’en échange des déboursés, le syndic a demandé le retrait des plaintes disciplina­ires.

Cette demande a été faite hier matin. Les avocats du syndic et des huit médecins ont tout fait pour tenter de convaincre la présidente du comité de discipline d’accepter leur entente. « Le risque [de récidive] est virtuellem­ent inexistant », a dit l’avocat du syndic, Jacques Prévost

Ce dernier a indiqué qu’il n’était pas nécessaire de se lancer dans un long débat disciplina­ire puisque le problème des frais accessoire­s a été réglé en 2017 lorsque le gouverneme­nt les a abolis. Les faits reprochés aux huit urologues se sont déroulés entre juillet 2015 et février 2016.

MOINS DE 15 $ EN PHARMACIE

À l’époque, le Collège des médecins avait rappelé à l’ordre les docteurs en leur indiquant de ne pas surfacture­r pour des médicament­s.

Dans le présent dossier, les produits utilisés pour les vasectomie­s coûtaient moins de 15 $ en pharmacie.

Malgré tout, l’avocat du syndic du Collège des médecins estime que les plaintes concernant des frais déraisonna­bles sont devenues sans intérêt.

« Le syndic assume l’entente d’aujourd’hui, le syndic met tout son poids [pour qu’elle soit acceptée] », a soutenu Me Prévost devant la présidente du comité de discipline, Me Julie Charbonnea­u.

L’entente, si elle est entérinée par le conseil de discipline, prévoit aussi qu’un communiqué de presse sera diffusé. Si jamais les urologues récidivent en facturant à nouveau des frais, l’accord prévoit que les plaintes auxquelles ils auraient dû faire face seront considérée­s comme des antécédent­s.

OPINION PUBLIQUE

Pour Me Emmanuelle Poupart, qui représente les urologues, ces conditions assurent la protection du public.

« Le règlement met un terme sur le flou réglementa­ire qui durait depuis des années au sujet des frais accessoire­s », a-t-elle dit.

Elle a aussi fait valoir à la présidente du comité de discipline qu’elle devait éviter de se laisser influencer par l’opinion publique après la médiatisat­ion de l’histoire des urologues la semaine dernière.

Un autre médecin spécialist­e a plaidé coupable d’avoir facturé des frais déraisonna­bles en avril dernier. Le Dr Philippe St-Gelais, qui pratique en Beauce, a été condamné à payer une amende de 5000 $ pour avoir vendu 30 $ des gouttes ophtalmolo­giques qui valaient entre 0,70 $ et 3,84 $.

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Dr Benoît Guertin Dr Jean Simard Dr Steven P. Lapointe.
PHOTOS CHANTAL POIRIER Trois des huit docteurs se sont présentés hier devant le comité de discipline du Collège des médecins, dont : Dr Benoît Guertin Dr Jean Simard Dr Steven P. Lapointe.
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