47 000 $ pour des avis sur une lettre
L’invitation du fédéral a été accueillie avec méfiance
OTTAWA | L’Agence du revenu du Canada a payé un sondage 47 000 $ pour se faire dire que les personnes sans emploi se méfient d’une lettre leur étant destinée.
Si votre déclaration de revenus est synonyme d’« anxiété », « pénible » ou « complexe », vous êtes de la même opinion que les répondants d’un sondage commandé par Ottawa à la firme NRG, dont les résultats ont été publiés la semaine dernière.
L’objectif était de mesurer l’efficacité d’une lettre envoyée aux personnes sans revenu, bénéficiant de l’aide sociale, accidentées du travail ou retraitées, pour les inciter à adhérer au nouveau service de déclaration de revenus par téléphone de l’Agence du revenu du Canada (ARC).
Cette lettre d’invitation a été accueillie avec scepticisme et méfiance, peut-on lire dans l’analyse de 62 pages.
MÉFIANCE
Des répondants se sont demandé si un tel service était « trop beau pour être vrai ».
D’autres ont perdu l’envie de continuer l’expérience à la lecture de la première phrase, qui commence par : « Vous êtes probablement admissibles ». Cette formulation est jugée trop décourageante.
Les 67 participants de l’étude qualitative, rémunérés chacun 90 $ pour s’être déplacé deux heures en février, semblent aussi trouver qu’il est risqué de laisser le gouvernement déclarer leurs revenus.
« Les gens semblaient passablement inquiets de ne pas pouvoir obtenir tous les crédits d’impôt auxquels ils ont droit avec le service Produire ma déclaration », peut-on lire dans le rapport. La Fédération canadienne des contribuables est d’accord avec leurs réserves.
« Il y a des dangers d’abus, du fait que ce soit le percepteur d’impôt qui fasse votre déclaration », croit son porte-parole pour le Québec, Carl Vallée.
DÉPENSES
Ce dernier critique aussi que le fédéral « dépense de gros sous pour se faire dire des évidences mêmes ».
Le service Produire ma déclaration a permis à 50 000 Canadiens à faible revenu ou à revenu fixe de faire leur déclaration fédérale par téléphone cette année, sans formulaire à remplir. Partout ailleurs qu’au Québec, le service inclut aussi les impôts provinciaux.