Des documents secrets de Lafarge déclassifiés
PARIS | (AFP et LE JOURNAL) La commission française du secret de la Défense nationale a donné son accord à la déclassification de documents « secret défense » concernant les activités du cimentier franco-suisse Lafarge en Syrie, au coeur d’une enquête sur des soupçons de financement terroriste.
Ces avis favorables visent une quarantaine de documents provenant de trois services de renseignement. La commission avait été saisie après des demandes de déclassifications par la juge Charlotte Bilger, chargée de cette enquête pour « financement du terrorisme » et « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ».
Il appartient désormais au ministre français de donner son accord pour que ces pièces confidentielles soient versées au dossier d’instruction.
Pour continuer à faire tourner son usine syrienne de Jalabiya malgré la guerre, Lafarge a dépensé près de 13 millions d’euros (près de 20 M$) dans des transactions suspectes, dont une partie aurait profité au groupe État islamique.
Les flux litigieux identifiés recouvrent des achats de matières premières, dont du pétrole, à des fournisseurs liés aux djihadistes, des paiements de taxes pour assurer la sécurité de l’usine ou les droits de passage de salariés et des versements à des intermédiaires proches de l’ÉI.
AU CANADA
Non seulement Lafarge (renommé LafargeHolcim en 2015) exploite au Québec une importante cimenterie à SaintConstant, sur la Rive-Sud de Montréal, mais une des plus grandes fortunes du Québec et du Canada, Paul Desmarais fils, y est mêlée. Administrateur et actionnaire, et bien que son nom apparaisse dans des transcriptions d’écoute électronique obtenues par un site d’enquête français, le milliardaire dit n’avoir pas été mis au courant de ces allégations avant 2016.
« M. Desmarais va continuer à offrir sa pleine collaboration en tant que partie à l’enquête en cours », a affirmé Power Corporation dans une déclaration en anglais au quotidien torontois The Globe and Mail.