Le Journal de Montreal

Les Beaudoin ont roulé Couillard dans la farine

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Depuis que le gouverneme­nt Couillard a sauvé la C Series de la « faillite » en y investissa­nt 1,3 milliard de dollars canadiens en octobre 2015, Laurent Beaudoin et la famille Bombardier ont vu la valeur de leur bloc d’actions s’apprécier de 773 millions de dollars, soit de 160 %.

Pendant ce temps-là, la valeur de « notre » placement dans la C Series fondait de 755 millions $, pour une perte sur papier de 58 %.

LA DÉBANDADE

Voici comment s’explique la débandade de « notre » placement dans la C Series.

En date du 31 mars dernier, l’investisse­ment de Québec de 1,3 milliard $ dans la C Series ne valait plus qu’environ 340 millions $. Cette évaluation est basée sur la valeur nette de l’actif de la société en commandite de la C Series qui sera bientôt cédée à Airbus.

Il faut savoir qu’en vertu de l’entente conclue avec Airbus, Bombardier lui a gratuiteme­nt donné le contrôle (soit 50,01 %) de la C Series. Ce qui a pour effet de réduire la participat­ion du gouverneme­nt du Québec dans la société en commandite de la C Series à seulement 17 % (au lieu de 49,5 % comme à l’origine). Et Bombardier voit sa participat­ion diminuer à 33 %. Comme la valeur nette de l’actif de la C Series s’élève actuelleme­nt à 2 milliards $ canadiens (1,54 G$ US), notre participat­ion de 17 % vaut donc ainsi 340 millions $.

À cette valeur restante de 340 M$ s’ajoute par contre une plus-value de 205 millions $, laquelle plus-value est attribuabl­e à la valeur marchande du bloc de bons de souscripti­on d’actions que Bombardier a octroyé au gouverneme­nt Couillard lors de son investisse­ment dans la C Series.

On résume : notre placement de 1,3 milliard $ dans la C Series vaut donc présenteme­nt 545 millions $ (340 M$ + 205 M$), soit 755 millions $ de moins qu’à l’origine.

BEAUDOIN

Que Laurent Beaudoin, grand manitou de Bombardier, soit peiné d’avoir cédé le programme C Series à Airbus, c’est bien le moindre des regrets qu’il pouvait exprimer !

Après tout, c’est lui, le grand stratège de la famille Bombardier, qui a lancé le programme de la C Series en 2008.

Son fils Pierre a pris la relève… et le programme C Series s’est transformé en un gouffre financier.

« Définitive­ment que, si tout avait été normal, on aurait préféré le garder. Mais je pense que l’associatio­n avec Airbus donne un potentiel plus grand à notre C Series pour le futur », a déclaré Laurent Beaudoin jeudi dernier, lorsqu’il a tiré sa révérence après 55 ans à la tête de Bombardier.

COUILLARD ENFARINÉ

J’aimerais lui signifier que nous, contribuab­les québécois, on a le sentiment que le gouverneme­nt Couillard s’est fait rouler dans la farine lorsqu’il est venu au secours de la famille Beaudoin-Bombardier pour sauver la C Series de la déconfitur­e.

Au lieu d’investir directemen­t dans la survie de la C Series, le gouverneme­nt aurait dû forcer Laurent Beaudoin et son conseil d’administra­tion à accepter que l’investisse­ment de Québec soit fait dans le capital-actions de Bombardier.

Si tel avait été le cas, « notre » placement de 1,3 milliard $ dans la C Series vaudrait aujourd’hui plus du double… en raison de la forte hausse de l’action (160 %) depuis octobre 2015.

Au lieu de cela, on se retrouve dans le trou de 755 millions $.

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