Le Journal de Montreal

Paul Arcand peut-il être un confident ?

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

J’adore Paul Arcand comme animateur de radio. Il y a mille raisons pour lesquelles il est le roi des ondes matinales au 98,5. Il le serait dans n’importe quelle station. Sans doute dans n’importe quelle ville et peut-être même dans n’importe quel pays.

Ce n’est pas sans raison que Radio-Canada lorgne parfois de son côté depuis le départ de René-Homier Roy, sachant tout de même qu’Arcand aurait des exigences incompatib­les avec celles de la radio d’État. Arcand ne supporte pas qu’on mette le nez dans ses façons de faire, pas plus qu’il ne supporte qu’on lui impose des collaborat­eurs ou des recherchis­tes. Il est maître après Dieu de son émission.

Que l’on continue d’écouter Puisqu’il faut se lever malgré une scandaleus­e avalanche de messages publicitai­res en dit long sur les qualités de son animateur. Celui-ci connaît ses dossiers, choisit bien ses collaborat­eurs et n’a pas son pareil pour brosser une revue de presse. Il n’hésite jamais, parle toujours correcteme­nt sans tic de langage.

Il sait ramasser les choses lorsque ses collaborat­eurs ou ses interlocut­eurs s’égarent. Il pose les « vraies questions », comme clame la promotion qu’on fait de son émission, et il ne se laisse pas distraire de son propos par ses interlocut­eurs.

UN CANDIDAT CONVOITÉ

Il a eu longtemps la mauvaise habitude de taper trop longtemps sur le même clou et de s’impatiente­r avec ses invités ou à cause d’une situation. Non seulement il a corrigé ces défauts, mais il a cultivé un bon sens de l’humour et de l’autodérisi­on.

Autant de qualités chez un animateur ne peuvent que faire saliver un producteur et emballer le plus exigeant des diffuseurs. Pourtant, Arcand n’a jamais pu répéter à la télé ses performanc­es radiophoni­ques. S’il a remporté du succès avec les trois documentai­res qu’il a réalisés, surtout avec Les voleurs d’enfance (1,7 million $ au box-office), ni

Arcand en direct à TQS ni Arcand tout court à TVA n’ont cassé la baraque.

La série Conversati­on secrète, le dimanche soir à TVA, aurait pu être la bonne. Une émission ne saurait être mieux logée à l’horaire qu’après La Voix, dont le succès ne se dément pas, le Québec semblant constituer un réservoir inépuisabl­e de chanteuses et de chanteurs de talent.

QUELQUE CHOSE NE COLLE PAS

Même si le titre est le même que celui de la version française du thriller de Francis Ford Coppola, la série d’Arcand n’arrive pas à nous captiver. D’abord parce qu’on n’y apprend presque rien qu’on ne sait déjà.

L’émission de dimanche soir avec l’ancien maire Denis Coderre était particuliè­rement frustrante. Non seulement questions et réponses étaient convenues, mais Coderre, visiblemen­t prêt à se livrer pieds et poings liés à l’écran, a ouvert sans gêne des portes qu’Arcand n’a jamais trouvé le moyen de franchir.

La caméra a beau se tenir loin des protagonis­tes (trop loin la plupart du temps), ceux-ci ont beau se promener ça et là, quelque chose ne colle pas. Est-ce l’air sévère d’Arcand ? Est-il trop conscient de la caméra ? Est-ce sa démarche rigide ? Son regard qui est rarement posé sur l’invité ? Ou ces promenades qui rompent le fil ?

Quoi qu’il en soit, cet animateur et journalist­e doué ne sait ni attirer les confidence­s ni les exploiter. Voilà pourquoi cette série me laisse sur mon appétit.

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