Les chiffres en folie
Il fut un temps où les gérants d’équipes du baseball majeur se fiaient à leur expérience, leur mémoire et leur flair lorsque venait le temps de placer leurs joueurs en défense sur le terrain.
Puis, on a cru que l’on pouvait imiter le football et poster un observateur sur la galerie de la presse pour qu’il puisse inscrire dans un cahier, le genre de lancer offert au frappeur et l’endroit où il frappait cette balle.
La prochaine étape est venue avec la publication des livres de Bill James, Baseball abstract, vers la fin des années 1970 et le début des années 1980.
Et, évidemment, l’entrée en scène de Billy Beane, qui a été portée à l’écran dans le film Moneyball (2011) a, en quelque sorte, révolutionné l’approche des dirigeants du baseball en ce qui concerne les stratégies défensive et offensive dans le monde du baseball.
PLACE À L’ANALYTIQUE
Étions-nous au bout de nos surprises dans le domaine des chiffres dans le monde des sports ?
Eh bien non ! Aujourd’hui, plusieurs gérants des majeures, pour ne pas dire tous, ont recours à ce que l’on appelle l’analytique. Surtout chez la nouvelle génération des gérants.
Et c’est quoi, exactement que l’analytique ?
Selon Wikipédia, c’est la découverte, l’interprétation et la communication de séquences explicites dans les données. Particulièrement utile dans les zones riches en renseignements consignés, l’analytique s’appuie sur l’application simultanée des statistiques, de programmation informatique et de recherche opérationnelle afin de quantifier la performance.
Les organisations peuvent appliquer l’analytique des données pour décrire, prévoir et améliorer la performance, qu’il s’agisse d’un individu ou d’une compagnie. Puisque l’analytique peut nécessiter un vaste calcul de données volumineuses, les algorithmes et les logiciels utilisés pour l’analytique exploitent les méthodes plus récentes en sciences informatiques, statistiques et mathématiques.
DEWAN VA PLUS LOIN
Par exemple, un disciple de Bill James, John Dewan, a tout d’abord fondé la compagnie StatsInc. Il est aujourd’hui à la tête de Baseball Info Solutions. Avant la présentation des derniers Jeux olympiques d’été, cette compagnie avait prédit que les ÉtatsUnis allaient remporter 108 médailles, dont 40 d’or. Les Américains ont bouclé la compétition avec 104 médailles, dont 46 d’or.
Dewan avait aussi prédit que la Russie allait remporter 83 médailles et la Grande-Bretagne, 66. Les Russes en ont gagné 82 et les Britanniques, 65.
Lorsque Bill James a publié Baseball Abstracts en 1977, c’était avant que les ordinateurs deviennent monnaie courante. Mais, aujourd’hui, avec l’évolution des ordinateurs, on assiste à une révolution en ce qui concerne l’usage des chiffres dans l’industrie des sports, et du baseball en particulier.
Cette technologie évolue à un rythme tellement rapide qu’on est en droit de se demander si, dans un avenir rapproché, le gérant d’une équipe de baseball ou l’entraîneur d’un club de football, de hockey ou de basketball, ne sera pas remplacé par un technicien et son ordinateur sur le banc !
J’espère ne jamais être témoin de cela…
J’apprécie trop l’implication humaine dans le sport et je n’ai pas le goût de voir un robot diriger le futur club de baseball majeur à Montréal !
KAPLER LE NON-CONFORMISTE
Les fans des Phillies Philadelphie ont hué leur nouveau gérant Gabe Kapler lors de son premier match à domicile.
Et certains observateurs prédisaient que Kapler perdrait son poste avant la pause du match des étoiles.
Mais, après avoir remporté un seul de leurs cinq premiers matchs, les Phillies ont rebondi en gagnant 15 de leurs 22 rencontres suivantes… et le calme est revenu dans la ville de l’amour fraternel !
Certes, le gérant-recrue a commis quelques erreurs. Comme celle de se rendre au monticule pour un changement de lanceur alors qu’aucun releveur ne se réchauffait dans l’enclos. Il n’était pas le premier à le faire.
Je me souviens que Frank Robinson avait été coupable du même faux pas lors d’un match contre les Marlins présenté à Chicago… Et Robinson n’avait rien d’une recrue !
Kapler sort des sentiers battus. Au cours des 27 premiers matchs des Phillies, ses lanceurs partants n’ont effectué, en moyenne, que 91 lancers comparativement à 99 l’an dernier.
Un recours abusif à ses releveurs pourrait, éventuellement, lui causer des ennuis dans la deuxième tranche du calendrier.
C’est un dossier à suivre.