OPTIMISME À TOUTE ÉPREUVE
Encore en pleine campagne de financement à un mois du départ de l’expédition, Nathalie Fortin ne ménage pas les efforts pour parvenir à ses fins. La femme âgée de 49 ans vit pour le K2 depuis plus de huit mois. Elle a multiplié les conférences et cogné à de nombreuses portes pour financer son aventure. Elle serait la première Canadienne à accomplir l’exploit de la « Montagne sauvage » si elle devait lever les bras au ciel à 8611 mètres. Ayant grimpé sur le toit du monde, l’Everest, en 2012, elle vise absolument le second sommet. Avec son énergie positive, elle est persuadée qu’elle rassemblera un peu plus des 10 000 $ restants pour accompagner Serge Dessureault et Maurice Beauséjour. « Je ne veux pas faire un X sur mon rêve. Il faut qu’il se produise quelque chose. Mes amis m’ont beaucoup aidée avec leur énergie. Je fonce et je sais que ça va fonctionner », mentionne celle qui est ingénieure au gouvernement fédéral. Au fil des dernières semaines, elle a d’ailleurs créé une page à son nom sur le site de sociofinancement GoFundMe. Son objectif : recueillir la moitié (environ 20 000 $) de la somme nécessaire à l’expédition. Elle déboursera l’autre moitié de sa poche. L’échec n’est pas une option.
TÉNACITÉ
« Je suis une fille d’action et de nature positive. Je ne suis pas du style à lâcher le morceau, dit la femme avec détermination. En y arrivant, je sais que lorsque je serai sur la montagne, je ne serai pas toute seule. Tous ceux qui ont cru en moi m’épauleront. » Tout au long de l’hiver, l’alpiniste s’est préparée à l’aventure en multipliant les heures en escalade de glace, en randonnée dans les montagnes et à l’entraînement. En ville, le mont Royal est son terrain de jeu de prédilection. En campagne, c’est le mont Sutton, dans les Cantons de l’Est.
Dans le tourbillon quotidien, elle comptait plusieurs chapeaux. La montagne, c’est sa vie. C’est pourquoi elle carbure au positivisme.
Par le fait même, elle souhaite créer un fonds pour les femmes amoureuses de l’alpinisme. En prenant part à l’expédition québécoise au K2, elle désire susciter leur intérêt envers le sport en plus de les inspirer et les pousser à faire de beaux projets.
JOURS COMPTÉS
À un mois du départ, les membres de l’expédition comptent les jours avec impatience. Le chef Serge Dessureault a senti que le jour J approchait quand il a reçu les billets d’avion, rencontré le médecin et planifié les primes d’assurances multirisques.
Comme sa coéquipière, il a redoublé d’ardeur à l’entraînement durant l’hiver, mais il a aussi livré bon nombre de conférences chez Northman Aventures, où il est ambassadeur.
La semaine dernière, il a réuni toute l’équipe afin de discuter de l’aventure.
Dans sa stratégie, il désire éviter la congestion sur la montagne puisque, selon les informations qu’il détient, plus de 70 alpinistes de Grande-Bretagne, des ÉtatsUnis ou du Népal seront sur les flancs du K2 cet été.
En pleine forme, il voulait d’ailleurs modifier la route d’ascension afin d’éviter les embouteillages. Plutôt qu’emprunter l’arête des Abruzzes, la voie normale, il désirait grimper par la voie des Espagnoles, plus technique et hasardeuse. Cette stratégie lui aurait permis de déboucher au camp 4, à 8000 mètres d’altitude. Mais après des recherches et discussions avec l’équipe de porteurs au Pakistan, il a renoncé à cette route.
L’équipage quittera Montréal en soirée, le 8 juin, et s’installera au pied de la montagne environ 10 jours plus tard.